Tout foehn tout flamme, à Los Angeles.

Lorsque Claude Nougaro chantait "Los Angeles Eldorado", il évoquait plus les "caisses", les "liasses" et les "belles gonzesses" que les feux de forêts... Et pourtant ! L'eldorado Los Angeles peut vite tourner au cauchemar lorsque le vent et la sécheresse provoquent des feux de broussailles, comme c'est le cas actuellement. En effet, des incendies continuaient de toucher en début de semaine le nord de la ville de Los Angeles. 10 000 hectares, au bas mot, sont déjà partis en fumée. Pourquoi de tels incendies à cette époque de l'année ? Est-ce exceptionnel ? Pour répondre à ces questions, il nous faut d'abord ouvrir un atlas de géographie, laquelle géographie nous en dit parfois beaucoup sur le climat local.

La Californie, qui est presque aussi grande que la France en terme de superficie, possède une géographie très variée.

Tout d'abord à l'ouest on retrouve les chaînes côtières, à l'est la Sierra Nevada, au centre la vallée de Sacramento et la vallée de San Joaquin. Le désert des Mojaves recouvre quant à lui le quart sud-est de l'État de Californie (il représente environ 1/16e du territoire français). Enfin, la ville de Los Angeles est entourée des "Transverse Ranges", une chaîne de montagnes qui s'étend de Santa Barbara à San Diego, près de la frontière mexicaine.

Tout ça pour quoi ? Eh bien pour constater que Los Angeles est, peu ou prou, entourée de montagnes. Et ce n'est pas un détail ! Car, si l'on ne connaît pas encore les causes exactes du déclenchement de ces incendies, on connaît cependant l'état actuel de la végétation et les conditions climatiques qui prévalent sur la région, en ce début juin. L'hiver et le printemps ont été sec, très sec. Depuis le début de l'année, il est tombé à peine 80mm à Los Angeles contre une moyenne de 270mm habituellement à la fin du mois de mai.

Le deuxième facteur météorologique à prendre en compte, c'est le vent. Il a soufflé violemment ces derniers jours, ce qui explique la progression rapide du feu. Mais le plus redoutable, c'est le vent de "Santa Ana". Ce vent est en général un vent chaud et sec (qui à toutes les caractéristiques du "foehn"), soufflant du nord ou nord-est, depuis les montagnes environnantes vers l'océan pacifique.

C'est donc à la fois la sécheresse et les vents forts (provoqués en partie par le relief) qui ont favorisé, très probablement, le déclenchement de ces feux - précoces pour la période de l'année.

Je me suis amusé (on s'amuse comme on peut quand on est passionné de météo) à observer l'image satellite au-dessus des États-Unis, ce mardi 4 juin. En zoomant sur l'État de la Californie, on remarque un nuage étrange au nord des îles du Détroit... Le cercle rouge indique tout simplement les fumées des incendies !

Ainsi fond fond fond la neige ? Pas encore...

En France, aucun problème, les nappes phréatiques sont rechargées et il y a de la réserve en montagne. Deux belles images (et rares en cette saison!) indiquent que la neige reste très abondante sur nos sommets; deux images qui proviennent de "webcams". La première a été prise ce lundi 3 juin dans le Cirque de Gavarni (Hautes-Pyrénées).

La seconde se passe de commentaire. Nous sommes au Pic du Midi (Hautes-Pyrénées) toujours le lundi...3 juin 2013 ! Presque comme en plein hiver...

En Haute-Bigorre, au lac de Luz-Ardiden à 2445m d'altitude, la hauteur de neige atteint encore... 3m50 !!! C'est en tout cas ce qu'indique la station automatique "nivôse" de Météo-France...