"Précipitations efficaces", de quoi parle-t-on ?

En attendant l'arrivée du printemps dimanche pour tout le monde, il a encore plu ces derniers jours. D'ailleurs, saviez-vous que la période automne-l'hiver 2012-2013 a été la plus arrosée depuis au moins... 12 ans ?

On ne s'en ai pas forcément rendu compte - par habitude sans doute... - mais les années 2000 ont souvent connu des périodes de sécheresses. Il y a eu évidemment l'été 2003, le printemps 2011. Mais en dehors de ces périodes très médiatisées, on a souvent connu ce que l'on appelle des "sécheresses de surfaces" (c'est à dire qui touchent les sols en surface). Ou bien, des sécheresses plus importantes, celles qui affectent durablement les nappes phréatiques.

Ce que l'on appelle une "nappe phréatique" est, en hydrologie, un aquifère souterrain, autrement dit une grande poche d'eau souterraine.

Pour l'anecdote, c'est à un géologue français, Gabriel Auguste Daubrée, que l'on doit, en 1887, l'expression "nappe phréatique" pour qualifier ce type d'eau souterraine. Voici sa première définition: "Nappe d'eau la plus rapprochée de la surface du sol, celle qui alimente la plupart des puits ordinaires".

Au début du mois de mars dernier, 82% des nappes phréatiques françaises affichaient un niveau normal à supérieur à la normale. Pour certaines nappes, celle du bassin Adour-Garonne, c'est même une excellente nouvelle. De tels niveaux n'avaient plus été observés depuis un an. Si la situation est donc globalement très bonne sur les trois quarts des régions françaises, il y a encore, ici ou là, quelques exceptions. C'est le cas pour les nappes alluviales de la Bravone et du Golo en Corse qui n'ont malheureusement pas bénéficié d'une recharge maximale au cours de ces derniers mois.

Mais pour que les nappes se remplissent correctement, encore faut-il qu'il pleuve beaucoup. Peut-être avez-vous déjà entendu parler de "précipitations efficaces" ?

"Précipitations efficaces", aqua ça sert ?

Pour calculer les "précipitations efficaces", on prend les précipitations totales auxquelles on soustrait l'évapotranspiration (transpiration des végétaux). Eh oui, nous ne sommes pas les seuls, pauvres humains, à suer. Les plantes aussi !

Cette évapotranspiration a surtout lieu entre les mois d'avril et octobre. Attention ! Cela ne signifie pas que toutes les pluies qui tombent pendant cette période sont inefficaces. Loin de là ! Elles peuvent, en été notamment, freiner la "sécheresse de surface" (celle qui affecte les pelouses, les fleurs de jardins, etc.). Mais elles ne sont plus aussi "efficaces" que durant l'automne et l'hiver puisque, de manière générale, les niveaux des nappes souterraines ont déjà tendance à baisser. Or, ces dernières années, les nappes ne se remplissaient plus beaucoup, même en hiver...

L'an passé, disons-le franchement, la recharge hivernale avait été catastrophique. Entre le mois de septembre 2011 et mars 2012, le cumul des pluies efficaces (donc l'eau disponible pour la recherche des nappes) représentait 25 à 50% de la normale sur une grande partie du pays et était même inférieur à 25% en Midi Pyrénées, localement dans le nord-ouest et en basse vallée du Rhône !

La carte ci-dessus vous indique le rapport à la normale 1971-2000 du cumul de précipitations efficaces entre septembre 2011 et mars 2012. Et c'est bien rouge !...

Cette année, le changement est radical. Voici la même carte sur la même période...

Certes, il y a encore un déficit dans le Midi de la France. Mais, globalement, ce que cette carte nous indique c'est qu'entre le mois de septembre dernier et février 2013, les nappes phréatiques se sont bien remplies. L'excédent est même impressionnant dans l'ouest puisqu'il atteint parfois deux fois la normale ! En fait, on avait plus vu de telles cartes à la fin de l'hiver - c'est à dire un tel remplissage des nappes -  depuis plus de dix ans ! On comprend donc facilement pourquoi la neige a tant fait l'actualité ces derniers mois sur notre beau massif Pyrénéen.

Pour plus d'informations, lisez l'édito de Frédéric Decker: http://www.lameteo.org/index.php/l-edito

Hiver pluvieux, printemps heureux ?

Ce n'est pas parce qu'il a beaucoup plu cet hiver, que le printemps sera magnifique. La météorologie est une science complexe et parfois mystérieuse. Des mois entiers peuvent s'enchaîner sous la pluie et la grisaille sans que l'on en comprenne exactement les raisons. Comme l'inverse est possible. Va savoir pourquoi...

"Le printemps est venu, comment nul ne l'a su"

                                                                                                       Antonio Machado

Publié par matthieuwa / Catégories : Actu