La fessée, j'ai arrêté

© Emma Defaud

Il n'y a pas si longtemps, j'écrivais : "La fessée, j'arrêterai plus tard". Parce que, parfois, on ne voit pas comment formuler un ultimatum autrement qu'en promettant une claque sur la cuisse. Parce que c'est quand même différent d'une gifle en plein visage. Parce que ça fait du bien aussi d'exprimer sa propre colère.

J'y repense parce qu'une nouvelle campagne débute aujourd'hui, avec diffusion d'un spot et tout le tralala. Et l'on reparle d'une loi pour pousser les parents à modifier leurs pratiques.

Des claques (sur la cuisse, parce qu'avec la couche, la fessée perdait de son sens), j'en ai donné un paquet, moi qui n'en ai jamais reçu. Parfois par bouquets entiers : une parce qu'il ne m'obéit pas, une autre parce qu'il ne m'obéit toujours pas... Et ça peut durer tant ces petits sont butés. Mais au bout de la troisième, je veux que ça cesse. Je lis dans le regard de mon enfant sa colère noire et son sentiment d'injustice. C'est désormais sûr, je n'obtiendrai rien de positif. Comment sortir de cette situation par le haut sans avoir l'air de capituler ? Je vois la trace de cinq doigts rouges sur la cuisse de l'enfant, comme la marque de mon incompétence et de mon absence de maîtrise de moi-même. Ai-je tapé si fort ? Peut-être, j'ai encore mal à la main.

Cet écœurement de moi-même, ce sentiment d'impasse, je n'ai plus voulu les ressentir après le précédent post de blog. J'avais fanfaronné, j'étais fière de moi, mais je n'étais pas plus avancée.

Je crois que j'ai beaucoup été tentée par la fessée quand les enfants avaient entre 2 et 3 ans et faisaient leur crise d'autorité. C'est un âge dur où on a l'impression qu'on ne peut pas raisonner avec eux. Pourtant ma louloute de 4 ans mériterait bien plusieurs claques par jour à l'échelle de mes punitions de l'époque.

Mais nous avons réfléchi à d'autres punitions, moins violentes, mais plus efficaces. La plus puissante étant de ne plus adresser la parole à l'enfant et de refuser de lui faire un câlin le soir. Mais sinon, il y a "privé d'histoire" ou "reste dans ta chambre" qui fonctionnent honorablement, le dernier m'apportant la satisfaction de ne plus entendre les hurlements de ma furie.

Surtout, depuis janvier, mon grand a de l'argent de poche. Un euro par semaine. Consciencieusement, il économise en feuilletant son catalogue de Lego Star Wars. Et chaque dizaine de centimes en moins le fait plus hurler plus fort que quand Luke apprend que Dark Vador est son père. Depuis, on est assez tranquille. Reste la mini-princesse Leia, contre qui même la puissance de la Force ne semble rien pouvoir pour l'instant.

Publié par Emma Defaud / Catégories : Actu