Un "Guide des métiers pour les petites filles qui ne veulent pas finir princesses"

Hé les filles, vous n'allez pas vous laisser faire par ce petit parfum réac qui flotte dans l'air du temps ? Par ces nostalgiques du temps d'avant, celui des femmes qui restent à leur place (pas trop grande) ?

Vous croyez, un peu mollassonnement, que la bataille est gagnée, au moins en entreprise ? Gardez en mémoire ces quelques chiffres bruts de décoffrage :

Au bac général, la part des filles ? 56 % (en 2011) Bravo . Regardons-y de plus près. Dans la filière reine S, celle des scientifiques ? 45%. Passable. Dans les écoles d'ingénieurs? 28% en 2011-2012,  note Le Monde. Même pas le tiers. Et dans l'école 42 de Xavier Niel, tant chérie des médias ? 9% à peine pour la première promotion, remarque Le Parisien.

Rapprochez ces deux chiffres de la pénurie de programmeurs et d'ingénieurs (la France devrait en former 10.000 de plus par an si elle ne veut pas hypothéquer son avenir selon Le Monde). Malaise, non ? Et l'écart ne peine-t-il pas à se combler, alors que le besoin de main d'oeuvre est criant ?

 "Barbie princesse" ou "Barbie qui fait le ménage" ?

Autant dire que le chemin est encore long qui mène à l'égalité des métiers. D'où l'idée de Catherine Dufour de rédiger ce Guide des métiers pour les petites filles qui ne veulent pas finir princesses. Comment l'inspiration lui est-elle venue ? En feuilletant un catalogue de jouets à Noël.Sur fond bleu", elle y a vu des autos, des motos et des bateaux. Sur "fond rose" : "dix Barbie princesse et une Barbie qui fait le ménage".

Princesse ou femme de ménage, les deux horizons éternels des petites filles ? Non s'insurge l'auteure, également chroniqueuse au Monde diplomatique. Et d'égréner cinquante métiers passionnants, bien payés ... et encore largement réservés aux hommes.

La gamme va d'Aventurière à Physicienne, en passant par Agent secret, Chef d'orchestre, Femme d'affaires, informaticienne ou surfeuse. Toutes voies déclinées sur le même modèle. Des conseils pratiques (études, filière ...), des mises en garde (espérance de vie ...) et deux portraits pour faire naître les vocations : celui d'une pionnière et celui d'une femme d'aujourd'hui.

Modèles : Aubenas, Barré-Sinoussi ou ... Catherine Dufour

Reporter de guerre ? Voici Anne Nivat, qui a sillonné l'Afghanistan ou la Tchétchénie (voilée s'il le fallait) pour rencontrer qui lui plaisait. Journaliste ? Voilà Florence Aubenas, une évidence. Dans Grand reporter,  une "petite conférence sur le journalisme" à l'intention des jeunes publiée chez Bayard, l'ancienne otage en Irak présentait ainsi le métier : "le droit de poser toutes les questions qu'on veut". Sympa, non ? L'auteur du Quai de Ouistreham, qui a vécu des mois en Normandie dans la peau d'une précaire "technicienne de surface", continue, dans ses chroniques du Monde, de nous parler avec humour et tendresse du quotidien des invisibles.

Dans l'univers des sciences dures, découvrez la mathématicienne (et écrivain) Michèle Audin, mais aussi  Nicole El Karoui, précurseur du développement des mathématiques financières (même si elle se défend dans La Tribune d'avoir formé les apprentis sorciers de la crise). Ou Françoise Barré-Sinoussi,  prix Nobel de médecine 2008 pour sa co-découverte, en 1983, du VIH, du virus du sida.  Et enfin, dans le registre sportif, Catherine Dufour, homonyme de l'auteure et ... kite surfeuse.C'est le grand secret :  faire des vagues !

-> Guide des métiers pour les petites filles qui ne veulent pas finir princesses, de Catherine Dufour (Fayard, 15 euros, à paraître le 26 février)

Publié par Anne Brigaudeau / Catégories : Actu / Étiquettes : éducation