Un parfum sixties flotte sur la France en cette fin d'année 2013. Deux films ressuscitent cette semaine Angélique marquise des anges et Belle et Sébastien, ces séries télévisées qui firent le bonheur de la défunte ORTF. Passage en revue des remakes, et surtout des livres qui les accompagnent :
1 Angélique marquise des anges, la résurrection
Les éditions de l’Archipel ont profité de la sortie le 18 décembre de l’Angélique d’Ariel Zeitoun pour rééditer l’Angélique marquise des anges d’Anne Golon, livre inaugural d' une longue série.
En couverture, pour allécher un nouveau public, Nora Arnezeder (qui succède à Michèle Mercier en Angélique) et Gérard Lanvin (nouveau visage balafré de Joffrey de Peyrac, après Robert Hossein).
L'intrigue de ce roman de cape et d'épée de sept cents pages, qui se déroule sous le règne du Roi-Soleil ? Irrésumable. Perpétuellement séparée de Joffrey, Angélique expérimente la vie des bas-fonds comme celle de la cour, connaît l'esclavage et la fortune, le pouvoir et la misère. Traduit en de multiples langues, le livre se vendit à l'époque à des millions d’exemplaires, selon l’éditeur.
Au-delà des multiples rebondissements, le fond historique est irréprochable. « La somme de travail sur la cour et le règne de Louis XIV, sur l’aspect des villes, sur la vie des métiers, les rapports sociaux, la langue de l’époque, est considérable », souligne cette semaine Martin de Viry, dans une défense enflammée d’Angélique, livres, films et remake confondus (Le phénomène Angélique, publié dans Marianne).
Et d'ajouter, sans doute égaré par la passion : "tant qu’à être réprimé dans mon sexisme, je préfère une claque d’Angélique à un cours de Clémentine Autain", se disent la plupart des hommes. Le féminisme réel triomphe, en Angélique, du féminisme intellectuel ».
Non, le féminisme réel triomphe dans ce détail qui marque un changement d'époque : Anne Golon, 92 ans, réédite son grand oeuvre sous son seul nom. "Au début des années 1950, malgré Françoise Sagan et son Bonjour tristesse, son éditeur l'avait obligée à cosigner le livre avec son mari, Serge Golon : une femme ne pouvait être un bon écrivain", note Le Figaro.
Reste à savoir si la recette des années 60 tient toujours, un demi-siècle plus tard. Les lecteurs du XXIe siècle accrocheront-ils à l'interminable saga ? Et les spectateurs au remake, quand les images sexy sont désormais à portée de clic?
Dans un long article intitulé Angélique et l'Orient : une certaine vision de l'altérité, l'historienne Christelle Tharaud rappelait en 2004 que le succès audiovisuel de la série tenait à un "savant mélange d’exotisme aventureux et d’érotisme soft, mais assumé — porté par une héroïne rebelle et émancipée". Et, pour une large part, à la blonde Michèle Mercier, clone pulpeux de Brigitte Bardot devenue une icône audiovisuelle.
-> Angélique Marquise des Anges (Anne Golon, éditions de l'Archipel, 22 euros). Sortie du film Angélique le 18 décembre.
2 Belle et Sébastien, seconde jeunesse
Autre feuilleton quinquagénaire qui revient le 18 décembre dans l'actualité : Belle et Sébastien, adapté au cinéma par Nicolas Vanier.
Ecrite et réalisée par Cécile Aubry, la série d'origine fut diffusée à partir de 1965 sur la première chaîne de l'ORTF. L'auteure y racontait l'indéfectible amitié entre un enfant dont la mère était morte à sa naissance, Sébastien - joué par son fils Mehdi- et un chien berger des Pyrénées, dans un village de montagne près de la frontière espagnole.
Cinquante ans plus tard, qu'est devenu Mehdi El Glaoui, l'ex-enfant-star ? Il raconte dans un livre paru fin novembre, La belle histoire de Sébastien (Michel Lafon), combien son père, pacha de Marrakech sous le protectorat français au Maroc, lui a manqué. Et surtout, à quel point l'adoration de sa mère (Cécile Aubry) lui fut parfois pesante, selon Purepeople.
"Elle a rêvé d'un enfant très précis et l'a créé avec son talent de conteuse, raconte-t-il à Gala.Cela n'a plus fonctionné entre nous à partir du moment où j'ai cessé de ressembler à son fantasme."
L'adaptation cinématographique de Belle et Sébastien, dans laquelle il fait une apparition, relancera-t-elle une carrière d'acteur qui n'a pas tenu les promesses d'un début éclatant ? Le film paraît, en tout cas, pouvoir concilier deux ou trois générations de spectateurs, juste avant les fêtes.
-> La belle histoire de Sébastien (Mehdi, Michel Lafon, 17,95 euros)