Les trois conseils de la romancière Tatiana de Rosnay à un jeune écrivain

Tatiana De Rosnay © David Ignaszewski

L’auteure du best-seller Elle s'appelait Sarah (qui se se serait vendu à plus de 9 millions d'exemplaires dans le monde, selon L'Express) a choisi le 21 mars, début du printemps et jour de l'ouverture du Salon du Livre, pour sortir A l'encre russe, son nouveau roman.

Tatiana de Rosnay y explique, "de manière ludique", comment son héros, un romancier de 29 ans trop souvent immergé dans Facebook et Twitter, "s'empare de la réalité".

Belle occasion de demander à cette romancière à succès ses trois conseils pour un écrivain débutant ... et de noter qu'elle en profite, au passage, pour tacler deux de ses rivaux dans les classement de meilleures ventes, Guillaume Musso et Marc Lévy, jugés "sans imagination" sur les réseaux sociaux :

1 Jouer des réseaux sociaux

 "Guillaume Musso ou Marc Lévy qui ne mettent sur leur compte Twitter que de l’autopromotion, sans aucune imagination, je trouve ça très plat, très ennuyeux, même si je les adore !  Ils ne partagent pas avec les lecteurs ou les internautes , contrairement à des tas d'autres romanciers, comme David Foenkinos, par exemple.

Sur les réseaux sociaux, il faut être espiègle, ludique ! Imaginatifs, comme dans les romans. Après avoir tenu un blog il y a une dizaine d'année qui s'appelait Le Figuier où j'interagissais avec mes premiers lecteurs - j'en avais un peu moins qu'aujourd'hui- je suis passée sur MySpace, qui a aujourd'hui disparu.

Puis je me suis lancée en 2008 sur Facebook, mais j'ai été confrontée à plusieurs problèmes ("trop d'amis", "un admirateur un peu lourd", voir vidéo ci-dessous). J'ai alors eu l'idée d'y faire naître un personnage de roman, l’héroïne de Boomerang ,la, thanatopractrice Angèle Rouvatier, une très belle fille en perfecto et Harley Davidson qui continue à y vivre sa vie (et répond, quand on l'embête trop, qu'elle a des morts à embaumer.Voir vidéo).

Puis il y a eu Twitter:  à moi qui suis geek, ça m’a paru facile pour l’échange. Je m’y suis inscrite en 2009. Ca m'a permis, par exemple, de solliciter les idées de mes "followers" pour le titre de mon futur roman. Mais c'est sur Instagram que j'y ai créé il y a un mois, bien avant la sortie du livre, un compte pour l'écrivain Nicolas Kolt, le héros de mon dernier roman d'A l’encre russe. C'est drôle, beaucoup de gens n’ont toujours pas compris qu'il est un personnage fictif !

2 Se relire à haute voix

"Je reçois énormément de lettres de gens qui veulent écrire. Je leur donne ce conseil : il faut aller jusqu’au bout. Quand on a écrit cinquante ou cent pages sans réfléchir, on n’a pas écrit un roman. Il faut se poser cette question –là : à qui vous voulez la raconter, votre histoire ?

Il faut trouver l’angle : vous vous adressez à qui ? On ne peut pas se lancer là-dedans si on n’a pas réfléchi à ça : quelle histoire et comment on va la raconter. C’est le pivot.

Pour l’écriture ? Rester très simple. Ne pas rajouter trois articles ou trois adverbes. Et surtout, se relire à haute voix."

3 Trouver l'éditeur qui croit en vous

"L’autre jour, j’ai croisé un type dans une librairie qui a dit : vous devez votre succès aux réseaux sociaux. Mais c'est faux ! La principale raison de ma réussite, ce n’est ni l’intrigue ni l’écriture ni les réseaux sociaux,  c'est d'avoir trouvé le bon éditeur qui croit en moi, Héloise d’Ormesson. Elle a réédité, avec succès, les livres qui n'avaient pas marché chez mes précédents éditeurs.

Un succès c’est un mélange de deux choses :1) Un éditeur qui aime votre livre, 2) La rencontre avec le public à travers les libraires, et si l’éditeur arrive à galvaniser les libraires, vous entrez dans le cercle magique du succès. C’a été le cas pour moi avec l’ouragan Sarah (la sortie d'Elle s'appelait Sarah), suivi de la sortie de Boomerang, puis la sortie du film sur Sarah."

Et maintenant ? Tatiana de Rosnay travaille déjà à la sortie de son prochain livre, "la biographie d’une femme" (elle n'en dira pas plus), qui sera publiée fin 2014 ou début 2015.

Elle prévoit d'avoir la "main fatiguée" après la séance de dédicaces au Salon du Livre pour son Encre russe, d'emblée tiré à 90.000 exemplaires. Une première pour son éditeur, qui croise les doigts.

-> A l'encre russe, Tatiana de Rosnay (Héloïse d'Ormesson, 22 euros)