Dans son livre paru début février, Refondons l'école, Pour l'avenir de nos enfants, le ministre de l'Education nationale Vincent Peillon énonce déjà sa volonté de raccourcir les vacances d'été, qu'il a réitérée dimanche.
Un constat : trop peu de jours de classe
Comment la justifie-il, dans son ouvrage ? D'abord par un rappel : "En France, écrit-il, en citant l'historien Antoine Prost, le temps scolaire a toujours ou presque été organisé en fonction de considérations totalement étrangères aux intérêts des élèves: ce furent les séjours estivaux de la bourgeoisie à la campagne, ce sont désormais les heures d'embauche, les weeks-ends des parents, le temps de travail des enseignants, les contraintes des collectivités, les réclamations de l'industrie du tourisme".
Or, argumente le ministre, l'hexagone "conjugue un grand nombre d'heures de cours - 864, plus que dans de nombreux pays de l'OCDE, mais concentrés sur un très petit nombre de jours". D'où la volonté de rétablir dans le primaire la demi-journée supprimée sous Nicolas Sarkozy, et de diminuer les vacances d'été.
Y a-t-il vraiment désaccord droite-gauche ?
L'UMP, à commencer par l'ancien ministre Xavier Bertrand, a répliqué dimanche par un feu nourri de critiques à la déclaration de Vincent Peillon, en mettant en avant l'absence de concertation.
Mais le ministre de l'Education souligne dans son ouvrage que le débat a déjà eu lieu ... sous la droite : "La conférence nationale sur les rythmes scolaires réunie à la demande de mon prédécesseur (Luc Chatel, ministre de l'Education de Nicolas Sarkozy) ... préconisait un minimum de 9 demi-journées de classe, la fixation d'une année scolaire à 38 semaines, le raccourcissement des vacances d'été de deux semaines, une journée d'enseignement de cinq heures."
"Une conclusion consensuelle", affirme-t-il. Avec raison puisque, dans son programme pour la présidentielle 2012, l'UMP prônait "un allongement de l’année scolaire de deux semaines".
Cité par Le Figaro, Jean-François Copé, alors secrétaire général de l'UMP, enfonçait le clou en mai 2012: Le "vrai problème, c'est pas la semaine, c'est l'année". "La France", continuait-il, est le pays qui a le plus de vacances scolaires. C'est intenable. 15 jours à la Toussaint, 15 jours à Noël, 15 jours en février, 15 jours à Pâques, plus deux mois de vacances (l'été), c'est intenable !" Et d'ajouter : "M.Peillon, qui a de telles proximités avec les syndicats de l'Education nationale serait bien inspiré de leur parler de tous ces sujets-là." Pas sûr, donc, qu'il y ait une grande différence droite-gauche sur le sujet.
Trouvera-t-on encore des profs ?
En revanche, reste le problème des enseignants, à qui l'on demande de travailler plus sans augmentation, même si une prime annuelle de 400 euros est évoquée pour les professeurs des écoles. "Le salaire des enseignants, et en particulier celui des instituteurs, recule depuis 1995 et cette baisse s'aggrave depuis 2010 à cause du gel du point d'indice des fonctionnaires", martèle ainsi Le Monde.
Un recul alors que le salaire des enseignants français se situe dans la fourchette basse en Europe, toujours selon Le Monde, et que l'Education nationale peinait, ces dernières années à recruter des enseignants, notamment en maths ou en anglais.
S'il ne reste plus les vacances pour les motiver, la crise risque de s'aggraver, même si - bonne nouvelle - l'Education nationale s'est félicitée lundi par communiqué de la hausse des candidats aux concours de recrutement 2014 : "les inscriptions ont progressé de plus de 46%, soit environ 44 000 candidats supplémentaires".
Les vacances d'été, faux bouc émissaire ?
Dernière interrogation : les vacances d'été sont-elles un facteur essentiel ou secondaire dans la baisse du niveau scolaire français ? La Finlande, qui figure dans le palmarès de tête du classement PISA (comparant le niveau scolaire des enfants de 15 ans des différents pays de l'OCDE) a pourtant de longues vacances d'été (entre dix et onze semaines).
Avec neuf semaines, la France se classe dans la moyenne des pays européens. Et la durée des vacances d'été n'est sans doute pas la seule explication à une chute du niveau scolaire dûment enregistrée par l'étude PIRLS et analysée par Le Monde : "à l'âge de 10 ans, un écolier français lit moins bien que la moyenne des élèves européens du même âge".