Le jeudi 16 novembre 2017 le Beaujolais Nouveau a été mis sur le marché. Je ne vais pas revenir sur l'historique de cet événement annuel, cela avait fait l'objet d'un de mes textes en 2014. Rappelons simplement que c'est depuis 1985 que la vente de ce vin hors norme est autorisée à partir du 3ème jeudi de novembre suivant la récolte. Auparavant cette date avait été fixée au 15 novembre mais pour des raisons pratiques administratives liées au développement de l'exportation elle a été changée en 1985.
Ce qui n'a pas changé, c'est l'organisation du Trophée Lyon Beaujolais Nouveau qui a eu lieu cette année pour sa 17ème édition le dimanche 12 novembre dans les locaux du Palais de la Bourse à Lyon. Ce sont 440 échantillons de Beaujolais et Beaujolais Villages Nouveau (rouges et rosés) qui ont été soumis à l'appréciation à l'aveugle de 108 dégustateurs. Ceux-ci ont attribué 11 Médailles d'Or Grand Prix du Trophée, 61 Médaille d'Or et 72 Médailles d'Argent.
La fête du Beaujolais Nouveau
A partir du mercredi à minuit le lancement du Beaujolais Nouveau est l'occasion de fêter l'événement un peu partout en France et à l'étranger. Pour la France citons deux villes où cette fête est particulièrement suivie : Paris qui a été à l'origine du phénomène au début des années 50 et Beaujeu la capitale du Beaujolais.
A Paris, c'est une délégation de vignerons qui vient présenter le vin le jeudi toute la journée avec déplacement en bus à impériale en passant par le Palais Royal, l'île de la Cité, le Panthéon et la Bastille, avec des séances photos, de la musique et la tournée des bistrots Beaujolais. La journée est clôturée par une grande soirée Beaujolais Nouveau au Point Ephémère.
A Beaujeu, du mercredi minuit au dimanche inclus, c'est la grande fête des « Sarmentelles ». Voici ce qu'en dit le vigneron président de la fête : « on ressent vraiment l'âme vigneronne quand on vient aux Sarmentelles. On y rencontre les hommes et les femmes qui produisent ce vin qui part dans le monde entier. On découvre leur convivialité et leur terroir. Il faut le faire au moins une fois dans sa vie pour comprendre ce qu'est le Beaujolais Nouveau. »
L'évolution du Beaujolais Nouveau avec le millésime 2017
On s'aperçoit qu'en France la vente a baissé de 62% en 12 ans. Cependant il s'en vend encore 29 millions de bouteilles en France et à l'étranger où le Japon reste le premier importateur. Le trop grand succès des années 70 et 80 a sans doute terni l'image du Beaujolais Nouveau. Les clichés du « goût de banane », du vin qui va bien à l'apéritif et qu'il faut boire tout de suite sont tenaces.
Aujourd'hui il n'en est pourtant plus rien. C'est un vin unique parce qu'il a ses propres qualités mais il y a plus de 2 000 vignerons qui produisent ces primeurs donc les cuvées sont forcément différentes les unes des autres. Chaque viticulteur met en œuvre son propre savoir faire pour élaborer ses vins primeurs. Ils ont pris conscience qu'il fallait monter en gamme pour produire des vins plus structurés.
Cette montée en gamme on la constate avec ce millésime 2017. J'ai eu l'occasion d'en déguster plusieurs, ils ont tous une couleur très soutenue, une belle structure et surtout des arômes bien différents et variés, comme les fruits rouges, la myrtille, la cerise, donc fini la banane d'autrefois. Il faut dire que les conditions qui ont amené ce millésime ont aidé en la matière.
Le Beaujolais Nouveau 2017 annonce un grand millésime dans le Beaujolais, dans la lignée des 2009, 2011 et 2015 selon les journalistes de la presse spécialisée qui ont dégusté à l'aveugle 150 échantillons de Beaujolais Nouveau. Le rédacteur en chef du magasine Bourgogne Aujourd'hui estime qu'il est grand temps que les gens changent leur regard sur ces vins primeurs. Il écrit, entre autres : « il y a cette image un peu ancienne des vins acides, maigres, sans grand intérêt, ce n'est plus du tout le cas ». Et il conclue : « ceux qui n'ont pas encore compris que le Beaujolais avait changé d'époque, qui ont loupé 2009, 2011 et encore raté 2015, ils ne faut pas qu'ils passent à coté de 2017 sinon ce serait dommage ».