Dans un texte précédent nous avons déjà vu comment la consommation et les types de vins évoluaient selon les époques.
Dans la période actuelle, les études montrent que la consommation de vin continue à baisser en Europe mais augmente, au contraire, aux États-Unis et en Chine. Il est prévu une augmentation de 3,7 % de la consommation mondiale d'ici 2018. En 2014 la France occupait la première place au classement de la consommation de vin rouge, en 2018 ce sera la Chine. De même, les États-Unis deviendront les premiers consommateurs de vin blanc à la place de l'Italie aujourd'hui en tête.
De nouveaux pays s'ouvrent au vin, le goût des consommateurs change et les modes de vie évoluent. Dans les pays où la vigne est présente depuis des millénaires, la consommation stagne ou baisse alors qu'elle augmente dans les pays où la vigne a été plantée récemment et la culture du vin s'y propage. La progression de la consommation du vin n'est plus conduite par les pays traditionnellement producteurs et consommateurs, mais par le développement de nouveaux pôles de consommation. 39 % de la production de vin est aujourd'hui consommée en dehors des pays européens contre 31 % en 2000. Les États-Unis sont devenus les premiers consommateurs mais comme le taux de consommation par habitant est encore faible, ce pays reste un marché à privilégier.
Quelles sont les tendances actuelles chez les consommateurs de vin aux USA ?
Les metteurs en marché américains, en particulier la société Gallo, ont mené des études auprès de consommateurs réguliers de vin âgés entre 25 et 64 ans. Il en ressort que le vin n'y est plus réservé qu'aux grandes occasions. La viticulture y a pris racine et le vin vient plus souvent dans les habitudes. Les moments de consommation les plus fréquents sont à table, autour d'un repas de famille, ensuite dans un moment de relaxation chez soi, ou en regardant la télévision. Les consommateurs sont de mieux en mieux éduqués au vin et y prennent goût. Ils choisissent les vins en lisant l'étiquette. Le goût du vin est une des raisons principales de l'achat. Merlot, cabernet-Sauvignon, Chardonnay et Pinot Noir sont les cépages préférés. Le goût sucré et les vins aromatiques comme le muscat séduisent surtout les jeunes qui par ailleurs sont ouverts aux expériences et veulent partager le vin et leur ressenti avec d'autres personnes sur les réseaux dits sociaux. Les plus jeunes (moins de 40 ans) sont les plus décomplexés, ils n'ont pas peur du vin « on the rocks » (glaçons dans le verre) ou de tenter des mélanges avec des fruits ou des jus de fruits, voire du soda. Les professionnels adaptent leur offre aux différentes demandes, par exemple en désalcoolisant les vins : en Californie plus du quart de la production de 2013 a été corrigé en degré.
Et en France, quelles sont les tendances ?
Si les USA sont à présent le premier marché mondial du vin, la France reste à la première place par habitant avec près de 45 litres par an (environ 120 litres fin du 19ème siècle). Les études récentes, en France, montrent une baisse de volume des vins français alors que le marché des vins étrangers est en hausse. En même temps les vins rouges perdent des parts de marché au profit des vins rosés dont le succès actuel ne se dément pas. Les vins rosés s'apprécient en toutes occasions, à l'apéritif ou en mangeant. En ce qui concerne les catégories, les vins sans IG (Indication Géographique) et les AOP (Appellation d'Origine Protégée) sont en baisse alors que la demande en vins IGP (Indication Géographique Protégée) est en hausse car d'un excellent rapport qualité/prix. En France, comme aux USA, les consommateurs veulent de plus en plus s'informer avant d'acheter (plus de 8 sur 10). Selon une enquête indépendante réalisée auprès de personnes âgées de 18 à 65 ans, les recommandations les plus écoutées aujourd'hui sont celles des cavistes (53 %) suivi de l'entourage (51 %) puis internet (26 %) qui, devrait encore progresser dans un futur proche.
Les lieux de consommation préférés sont à la maison (82 %), chez des amis (51 %) ou au restaurant (43 %). Le vin est considéré comme une boisson plaisir, à partager autour d'un bon repas. L'offre du vin au verre, déjà largement étendue, progresse encore en restauration ce qui donne l'occasion de déguster en accentuant la détente et le plaisir.
Une majorité pense qu'il faut un minimum de connaissance pour apprécier le vin et réclame une initiation au vin et à sa consommation modérée pour éduquer les jeunes face aux risques liés à l'abus d'alcool.
Ainsi, en France, toujours selon les sondages, la majorité déclare une consommation raisonnable, inférieure aux repères recommandés (2 verres maximum/jour pour une femme, 3 verres pour un homme, 4 verres maximum pour une occasion exceptionnelle et un jour d'abstinence par semaine). Pour 82 % des Français, le vin se partage, de préférence en famille ou entre amis, à l'occasion d'un bon repas. Le vin reste donc étroitement lié au repas.
Source : Revue française d’œnologie (janvier, février 2015, numéro 268)