L'intention est bonne. L'enfer est en pavé.
Depuis quelques jours, je commence à recevoir des courriers et des appels divers à participer à des manifestations pour le 8 mars. Les idées sont nombreuses, les projets sont enthousiasmants, la cause m'est chère. Mais les mots me font tiquer. Dans la majorité des cas, je suis invitée à participer à un événement pour "La journée de la femme".
C'est si difficile à traduire Women's Rights Day?
Ce n'est pas pour être tatillonne, mais "la journée de la femme", ça n'existe pas. Il y a bien une journée internationale des droits des femmes, fixée chaque année au 8 mars, par une décision de l'ONU prise en 1977 (quoique le site lui-même de l'ONU, dans sa version française, utilise la dénomination "Journée de la femme" pour traduire Women's Rights Day, la vache si tu fais un contre-sens comme ça dans un devoir de traduction au lycée, tu risques le zéro pointé!). Il existe d'ailleurs 86 autres journées consacrées par cette même organisation à des causes internationales : Journée de la Paix, de la justice sociale, pour l'élimination de la discrimination raciale etc.
La fââââââmme n'existe pas
C'est un peu important quand même de rappeler que le 8 mars est une journée consacré aux droits DES femmes, parce qu'aussi vrai que "la journée d'la fââââââmme" n'existe pas, la fâââââamme non plus n'existe pas. Il y a des femmes. Toutes uniques, toutes différentes, toutes des individus à part entière. Incarnant chacune leur genre à leur manière. Plus ou moins féminine, justement. Correspondant plus ou moins à l'idée que l'on se fait d'une fââââââmme, une vraie.
Toutes les femmes ont des droits
Et pourtant, qu'elles soient un peu beaucoup ou pas du tout fââââââmes, toutes les femmes ont des droits. Des droits qui se heurtent en l'occurrence à diverses formes du déni.
Nous aimons tout particulièrement nous scandaliser des aspects les plus édifiants et les plus éloignés de notre culture de ce mépris des droits des femmes : l'excision, les interdictions et restrictions de liberté (de conduire, de voter, de dévoiler son visage, ses jambes ou ses bras, de divorcer, de maîtriser son corps et sa contraception).
Nous sommes un poil moins regardants quand il s'agit des inégalités, du sexisme et de la discrimination de genre dans nos sociétés. Bah non! quoi! C'est pas pareil, c'est moins grave, c'est culturel (mais en bien, hein, pas comme dans les pays où quand c'est culturel, ça craint) et puis on ne peut pas forcer les mentalités à changer, c'est quelque chose qui doit se faire tout seul, avec le temps, n'est-ce pas?
Une journée pour y réfléchir, toute l'année pour agir
Pourtant, le 8 mars, c'est bien la journée DES droits DES femmes, de toutes les femmes, partout dans le monde, de celles qui nous ressemblent et de celles qui sont éloignées de nous, de celles qui nous plaisent et de celles qu'on a moins envie de voir, de celles qui servent notre discours et nos certitudes et de celles qui les remettent en question, de celles qu'on a très envie de plaindre et de celles dont on dit avoir à se plaindre (quand elles prennent trop d'importance, par exemple).
Bref, c'est une journée pour y penser, pour y réfléchir, pour écouter, pour saisir la complexité des enjeux du genre, pour prendre conscience aussi et surtout.
Ensuite il y a tous les autres jours de l'année pour agir.