C'est une tradition depuis 1959, les Américains honorent la musique en grande pompe à l'occasion de la cérémonie des Grammy awards. Quand je dis les Américains, précisons qu'il s'agit là de la très honorable Académie nationale des arts et des sciences . Présentée cette année par LL Cool J, la soirée s'annonce longue pour ne pas dire interminable avec pas moins de 83 récompenses décernés (je le sais, car ayant fait acte de bravoure et d'esprit journalistique, je les ai comptées). Et ces questions en suspens, l'Anglais Sam Smith privera-t-il les filles (Sia, Meghan Trainor, Beyoncé, Iggy Azalea) de remporter la catégorie de la meilleure chanson de l'année ? Et les Anglais, Sam Smith, décidément "empêcheur de gagner en rond", cette fois associé à Ed Sheeran, vont-ils empêcher les Américains (Beck, Beyoncé, Pharell Williams) de gagner ? Et cela ne leur est pas arrivé depuis 2010 et Taylor Swift.
Mais au-delà cette façade populaire, les Grammys récompensent bel et bien tous les types de musique dans une exhaustivité qui force le respect. Et dans l'ensemble, on est souvent très loin du strass et des paillettes, des tenues sexy ou des scandales soigneusement orchestrés qui font le buzz. Je vous laisse vous reporter à Gala ou à Closer.
Comme chaque année, il y a donc du jazz, de la musique contemporaine, de la folk, de la world music mais aussi des catégories, qui, vu de France, semblent tout de suite plus surprenantes. Comme le meilleur album de Spoken Word ("textes parlés") avec dans cette catégorie, la surprise de voir l'ancien Président Jimmy Carter nommé pour son livre-audio Call to action. Bizarre, vous avez dit bizarre...Il y a aussi le meilleur album de musique chrétienne. Ou le meilleur album de Bluegrass, avec dans la liste des nommés un certain Bryan Sutton, plus connu dans sa Caroline du Nord natale qu'en Europe. Un peu comme si chez nous, les Victoires de la musique récompensaient le meilleur album de gavotte bretonne ou de musette. En même temps, c'est peut-être là une idée à creuser pour les éditions futures des Victoires...
Les Grammys récompensent toutes les musiques à telle enseigne que la personne qui détient le record de victoires n'est pas Michael Jackson (18 fois lauréats), encore moins Beyoncé (17 fois tout de même) mais Georg Solti, 31 victoires. Nettement moins glamour et populaire que le roi de la Pop certes, mais tout aussi talentueux dans un style totalement différent. Le voici dans "la marche funèbre" dans Siegfied de Wagner. C'est sûr, après ça même LL Cool J aurait du mal à enchaîner.
Les mauvaises langues diront que le chef d'Orchestre hungaro-britannique a bénéficié d'une longévité accrue et d'une concurrence moindre dans sa catégorie. En tout cas, Georg Solti ne pourra pas plomber l'ambiance ce soir, il est mort en 1997. Ouf ! (ou dommage pour ceux qui aiment la grande musique).