Les sénateurs avaient rejeté la proposition de loi visant à attribuer aux animaux le statut d'"êtres vivants doués de sensibilité" dans le code civil. Elle a finalement été adoptée par le Parlement. Les députés seraient-t-ils plus sensibles que les sénateurs ? A moins que les sénateurs ne soient plus sages...
Car s'il était évident que nous ne pouvions confondre nos amis à poils, à plumes ou à écailles avec des meubles (à part avoir une très mauvaise vue ou une sensibilité avoisinant le zéro absolue), cette dénomination de "meuble" pouvait aussi avoir son coté pratique ("commode" oserai-je dire). Et parfois pour le législateur ou le juriste, ça n'a pas de prix, le côté pratique ; quitte à tordre le cou avec la stricte réalité et paraître froid et insensible. Les couples séparés s'entre-déchirent parfois pour la garde des enfants, le feront-ils désormais pour leur chien ou leur poisson rouge ? Le terme de "meuble" pouvait nous épargner quelques batailles juridiques supplémentaires et ce n'était peut-être pas un mal ?
Le code pénal poursuit déjà les personnes accusés de maltraitance envers les animaux (Article 521-1 avec des peines allant jusqu'à deux ans d'emprisonnement et 30.000 euros d'amende). N'était-ce pas déjà suffisant ? Est-ce que cela ne montrait pas, de fait, qu'en dépit de cette dénomination choquante de "meubles", les animaux n'étaient déjà pas considérés comme tels ? D'autant plus que le code pénal et rural les considéraient déjà comme des "être vivants et sensibles". Bref, une idée pavée de bonnes intentions, inutile en soi, mais pouvant aussi avoir de futurs effets pervers.
S'il est bien en tout cas, un terrain sur lequel les animaux ne vont pas, c'est l'humour : les animaux ne savent pas encore rire (même si, on peut presque en douter en suivant la vie des bonobos) et le groupe Moriarty nous le rappelle et nous mettra tous d'accord.
En substance, Moriarty dit que si les animaux ne savent pas rire, les hommes qui n'ont pas d'humour ne sont plus totalement... humains. Toute référence à Charlie Hebdo ne serait être totalement fortuite. Là, c'est le sujet qui devient sensible.