Parlons de Nabilla...quand même !

Nabilla Benattia, le 10 juillet 2013 à Paris. (MAXPPP)

Tentez l'expérience et tapez "Nabilla" dans Google. Et vous obtenez 21.900.000 occurrences (le nombre a peut-être augmenté depuis le moment où ce texte a été écrit). Sachant qu'en dehors de la France, de la Belgique, de la Suisse voire - soyons téméraires - de Monaco, la demoiselle est une parfaite inconnue ; cela fait quand même beaucoup. Si vous comparez à Catherine Deneuve et ses pauvres 4.170.000 (je vous épargne la calculette, c'est 5 fois moins), cela fait vraiment vraiment beaucoup. D'un côté, une comédienne qui, depuis 40 ans, a donné la réplique aux plus grands.  De l'autre une ..........(remplissez comme vous voudrez la partie manquante) connue depuis seulement le printemps 2013 et dont la phrase culte  se résume à un "Allo, quoi". Et là,  vous commencez sérieusement à déprimer. Et comble de la désespérance, quand on ne parle pas de Nabilla dans la rubrique "people", "media", c'est dans les faits divers qu'elle retrouve une place médiatique de choix :  carrément la première (même si elle doit laisser un bout de son piédestal à Thomas Vergara).  Et on n'a pas fini d'en parler ! Bientôt, ce sera "Nabila craque chez le juge", "Nabilla déprime en prison" ou "Nabilla écrit un best-seller".

Dans son essai Douze ans de télé-réalité, la sociologue Nathalie Nadaud-Albertini voyait le phénomène de la téléréalité comme la version 2.0 des ragots et des commérages. Dans nos sociétés modernes, on ne connaît plus vraiment ses voisins ; on ne peut donc pas les épier, les critiquer, s'en moquer dans ce grand déballage empreint d'altruisme et de franche camaraderie. Heureusement, la téléréalité est là pour réparer ce manque et permettre de réactiver les discussions.

Dans Quand même, le duo Vérone nous rappelle ce que donnaient ces ragots d'antan, que l'on regretterait presque, car eux ne prenaient pas la place des vraies actualités et des vrais artistes.

 

Vous allez me dire qu'avec cet article, moi aussi je parle de Nabilla - et je ne pourrais pas nier que vous avez parfaitement raison. Je vous rétorquerais qu'au moins, je vous ai parlé aussi de Vérone, un couple (Delphine et Fabien) aux antipodes de Nabilla et Thomas : eux ne se poignardent pas (jusqu'à preuve du contraire), ils ont une vraie activité, ont même du talent et pourtant ne passent  jamais à la télé.