Dans une France sereine et en train de sortir de la crise, ce qu'il convient d'appeler "l'affaire Thévenoud" pourrait "passer" dans l'opinion. Pas comme une lettre à la poste non plus, mais quand même. On grincerait des dents, on gloserait sur ces politiques qui profitent du système une fois arrivés aux pouvoirs, mais on relativiserait. Et l'on trouverait surtout, dans ces révélations en cascade, de quoi rire sous cape. Une histoire drolatique pour un homme aussitôt tombé d'un piédestal qu'il avait mis des années à gravir. Finalement, cette info pourrait égayer cette fin d'été. Surtout, l'homme et son affaire seraient vite, très vite oubliés.
Un Festival !
Mais seulement voilà, avec plus de 3,5 millions de chômeurs et 8,5 millions de personnes vivant sous le seuil de pauvreté, la nouvelle passe nettement moins bien. Etonnant, non ? D'autant plus que Thévenoud arrive après beaucoup d'autres. Un vrai festival ! Je rappellerai que la France compte 577 députés, 348 sénateurs, 74 députés européens, plus de 38.000 maires...et même s'il y a le cumul des mandats (spécialité "made in France"), cela fait quand même beaucoup de monde qui ne sont jamais accusés de fraude. Comme le disait Pierre Desgraupes, "un train qui arrive à l'heure, ce n'est pas une info".
Attention, je ne dis pas que Thomas Thévenoud soit un "fraudeur". Je n'ai pas eu accès au dossier, je n'ai pas de boule de cristal et ne travaille ni chez Médiapart, ni au Canard Enchaîné, ni même au Parisien. Et puis, comme tout citoyen, l'ancien secrétaire d'Etat bénéficie totalement de la présomption d'innocence. Je sais surtout que, si Thomas Thévenoud est censé être un "phobique administratif", il n'est certainement pas un "phobique juridique". Preuve en est, son entrevue "exclusive" donnée hier à Metronews et cette phrase lâchée pour clore l'interview "Je vous préviens que, si vous écrivez autre chose, mon avocat est prêt et je vous attaque en justice".
Le bâton pour se faire battre
Mais avouons-le, Monsieur Thévenoud donne quand même le bâton pour se faire battre. Ne pas déclarer ses revenus passe encore. Ne pas payer son loyer. Soit. Ne pas payer ses PV, ça fait beaucoup, non ? Bientôt, ce sera quoi : "non paiement de factures de toilettage pour chien" révélée par Caniche magazine ? (NDLR : ceci est une blague fondée sur aucune réalité connue). Mais s'accrocher comme une bernique à son siège de député, voilà qui en est trop pour un seul homme, fût-il un politique. Qu'il soit de bonne foi ou pas d'ailleurs. On aurait aimé qu'il fasse un peu plus profil bas, qu'il s'en aille sur la pointe des pieds...Quitte à revenir ensuite, ayant retrouvé une réputation de premier communiant. L'écoute de ce titre de Bertrand Betsch, écrit il y a quelques années et sans rapport avec l'affaire, aurait pu donner des idées sur la bonne attitude qu'aurait du adopter notre (futur-ex ?) député. En attendant, musique !