Vincent Peillon déjà ministre de l’Education Nationale

Après une campagne qui l’aura vu endosser et assumer sans coup férir le poste de Conseiller à l’Education auprès de François Hollande, on se doutait que Vincent Peillon serait nommé Ministre de l’Education Nationale (vraisemblablement accompagné de Bruno Julliard). Le doute n’est plus de mise après la passe d’arme qui vient de l’opposer à l’actuel ministre de l’EN, Luc Chatel, par textes interposés.

En guise d’au revoir à l’école, le ministre Chatel n’a rien trouvé de mieux que de signer lundi, au lendemain de l’élection de François Hollande, un décret très sensible portant sur l’évaluation des enseignants. Rappelons qu’à l’automne, cette question avait suscité de très vives tensions entre les enseignants et le ministre : le projet était critiqué par l’ensemble des personnels d’éducation, les profs mais aussi les Inspecteurs, et le ministère en avait profité pour faire passer les profs pour une corporation ne voulant pas être évaluée, quand c’est sur les modalités que portait la critique (par ailleurs, derrière la question de l’évaluation se cachait aussi celle des salaires, appelés à stagner durablement).

Chatel avait alors promis que les discussions se poursuivraient, repoussant début janvier la signature du décret ; le 15 mars avait eu lieu une réunion technique où les amendements du ministre avaient été unanimement rejetés par les partenaires sociaux. Voici que Chatel prend tout le monde de court. Le simulacre de dialogue n’aura pas survécu à l’élection…

Car le plus incroyable est que Luc Chatel ait décidé de signer le fameux décret le jour même où se tournait la page du sarkozysme. Il y a dans ce geste, une manière de mesquinerie, plus qu’une provocation à l’égard de l’école : un manquement républicain, un déni de démocratie. Comme le note Jean-Louis Auduc sur le site du Café Pédagogique : « Quelle singulière conception de la démocratie que de publier durant la période de transition et de passation de pouvoir entre le président sortant battu et le président nouvellement élu, un décret qui a été repoussé par toutes les instances de l’Education nationale auxquelles il a été soumis ! »

Ce matin, mercredi 9 mai à 9 h 39, Vincent Peillon s’est exprimé sur le site du Parti Socialiste à ce sujet, condamnant le geste de Chatel : « La gestion de ce dossier important a constitué, de la part du gouvernement sortant, un modèle de mépris du dialogue social dont il fut coutumier, mais la date retenue pour la publication constitue aussi un passage en force du point du vue politique peu compatible avec les usages républicains et tout à fait inacceptable ».

Vincent Peillon termine son communiqué en annonçant que le gouvernement abrogera le décret dès son entrée en fonction. Une telle abrogation avait déjà eu lieu par le passé : il y a 5 ans, lors de sa prise de pouvoir, Nicolas Sarkozy avait fait abroger un décret de Gilles de Robien supprimant des avantages financiers aux enseignants.

En réagissant immédiatement au geste de Chatel, en exprimant de manière très claire la volonté de revenir sur le décret, dans des termes condamnant la méthode comme le fond, Vincent Peillon marque son territoire et donne des pistes quant à la méthode qu’il compte mettre en œuvre. Le texte publié sur le site du PS constitue ni plus ni moins son premier acte de ministre de l’Education Nationale.

 

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