La semaine qui précède les vacances, une question commence généralement toutes les conversations : « Tu pars ? ». A cette interrogation répond une autre, symétrique, le jour de la reprise : « T’es parti(e) ? » Sauf que si la première occupe bien une bonne semaine, la deuxième ne dure qu’un jour. Après, les vacances sont déjà loin.
Alors ce lundi à 8 h 20 puis à la récréation, tout le monde donnait du « T’es parti(e) ? ».
« Ca va toi ? T’es partie ?
- La première semaine. On a loué une petite maison à 8 avec des amis, dans les Vosges, c’est moins cher que les Alpes et c’est sympa.
- Y avait de la neige ?
- Comme dans les Vosges, quoi… Assez pour le ski de fond. Et toi t’es parti?
- Pas vraiment. Dans la famille, à la campagne. Mauvais temps, mais bons moments ».
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Un peu plus loin.
« Et toi, t’es partie ?
- Heu non. Je suis restée, j’ai fait du rangement chez moi. Et puis j’ai lu, je suis allé au cinéma, j’ai travaillé… Je partirai peut-être aux prochaines vacances, je ne sais pas… Hé, c’est pas évident pour un instit de partir en vacances aujourd’hui ! Ca coûte cher, de partir !
- Oh n’exagère pas ! Par rapport à la moyenne on n’est pas à plaindre, quand même.
- Quand il y a deux salaires d’accord, mais avec une seule paie, crois-moi c’est plus dur ! ».
Je repense à une conversation avec une amie et me glisse dans la discussion.
« Une amie de ma mère travaille dans le tourisme. Elle me racontait qu’il y a une trentaine d’années, quand elle travaillait en agence, les instits c’était une super clientèle, pour eux : ils voyageaient beaucoup, souvent, loin, ils pouvaient se permettre…
- Ben dis donc, ça a drôlement changé ! ponctue une jeune collègue ».
Du coup, j’ajoute à son adresse :
« J’ai lu quelque part que notre pouvoir d’achat baissait en moyenne d’1 % par an depuis 30 ans*.
- Arrête tu vas encore me déprimer ».
Contre toute attente, le coup de grâce n’est pas venu de moi, mais d’une collègue plus âgée, proche de la retraite.
« Je me souviens quand j’ai commencé il y a, hum… 37 ans… A la pause de midi, tenez-vous bien les jeunes, on allait manger à l’extérieur ! On prenait le taxi, on allait au resto, et on reprenait le taxi pour revenir à l’école… C'était une autre époque...
- ???...
- ???… »
df
Voilà comment j’ai perdu tout le bénéfice de mes vacances. Déprimé, direct.
Le midi, j’ai regardé d’un œil mauvais mon plateau cantine à 4 €.
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* http://www.sundep.org/spip.php?article531
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