Ambiance surréaliste aujourd'hui au palais de justice de Bordeaux. D'un coté du batîment, trois juges travaillent sur leurs dossiers. Ensemble, ils ont en charge un dossier sensible, celui de l'affaire Bettencourt. A l'opposé de cette enceinte judiciaire, du coté de la cour d'appel, plusieurs avocats tirent à boulets rouges sur le travail, sur l'instruction de ces trois magistrats. Devant la chambre de l'instruction, les conseils d'un certain nombre de prévenus plaident l'irrégularité de procédure, dans le but de mettre en miettes les investigations qui ont abouti à la mise en examen de plusieurs protagonistes, parmi lesquels Nicolas Sarkozy.
Cette audience a déjà été reportée deux fois. A la demande du procureur dans un premier temps, puis des avocats. Résultat, le calendrier de cette affaire en est totalement chamboulé. Un feuilleton dont on diffuserait les épisodes dans le désordre. Vendredi, le parquet a rendu public ses réquisitions de renvoi et de non lieu, 4 jours avant que la cour d'appel se penche sur les requêtes de la défense. Pourquoi cette précipitation? Si ce n'est la volonté de communiquer au plus vite sur son intention de sortir l'ancien président de la république de cette affaire.
A^près l'audience de ce jour, la décision de la chambre de l'instruction sera mise en délibéré. L'arrêt pourrait être rendu dans les jours qui viennent mais, compte tenu du nombre d'incidents soulevés dans leur mémoire, les avocats n'écartent pas non plus l'hypothèse qu'il faille attendre septembre pour connaitre les réponses de la juridiction d'appel.
Ainsi nous pourrions assister à une cocasserie dans ce dossier qui en compte déjà plusieurs. Tenus par des délais, les trois juges chargés de l'instruction, JM Gentil et ses deux collègues, pourraient rendre leur ordonnance de renvoi ou de non lieu, fin juillet, autrement dit avant que leur procédure soit validée ou sanctionnée.
A cela s'ajoute une autre interrogation. Déboutés devant la cour de cassation dans leur demande de dessaisissement des juges bordelais, les mêmes avocats peuvent à tout moment saisir la première Présidente de la cour d'appel de Bordeaux pour déposer une requête en récusation. Jusqu'à présent, il semble qu'ils ne l'aient pas encore fait contrairement à ce qu'ils avaient annoncé. Un autre épisode dans le désordre à suivre.