Jérôme Cahuzac a-t-il eu raison de ne pas répondre à certaines questions des députés composant la commission d'enquête parlementaire ?
La réponse est double. Légalement, rien ne l'empêchait évidemment de répondre à la curiosité de ses anciens collègues. Mais dans le même temps, l'ancien ministre du Budget a mis ses interlocuteurs face à leurs contradictions.
Les textes régissant une commission d'enquête parlementaire interdisent de se pencher sur des faits qui font l'objet d'une procédure judiciaire. C'est donc ce derrière quoi M. Cahuzac s'est retranché pour rester silencieux. Ladite commission est saisie des éventuels dysfonctionnements dans les services de l'Etat. Autrement dit, la responsabilité du gouvernement et des différents services ministériels.
Lorsque son président, Charles de Courson, et ses collègues l'interrogent sur ses comptes à l'étranger, sur ses voyages, sur l'enregistrement audio, l'ex-ministre avance alors que les députés vont sur le même terrain que les juges d'instruction chargés du dossier de blanchiment de fraude fiscale.
M. Cahuzac veut alors se protéger. Il fait un choix. Privilégier son avenir judiciaire au détriment de l'information au sein de l'Assemblée nationale. Certes, comme l'a rappelé Philippe Houillon, député UMP du Val d'Oise, devant la justice un mis en examen peut mentir. Le mensonge peut être un système de défense. Sauf pour un témoin.
Comme toutes les autres personnes auditionnées, il a prêté serment. Tout ce qu'il pourrait dire devant la commission sur les faits le concernant pourrait être utilisé par les magistrats dans leur procédure.
D'où cette impression désagréable de s'être retrouvé cet après-midi face à un mur qui renvoie la balle aux représentants du peuple.
C'est le piège dans lequel l'Assemblée se retrouvait aujourd'hui. Une volonté louable de faire une enquête assez vite après un scandale qui a secoué notre République. Malheureusement, dans le même temps, des juges sont saisis. Et donc la démocratie et la transparence devront encore attendre. La justice a la main et c'est elle qui donne la mesure.
Pendant des mois, Jérôme Cahuzac a menti. A la nation, comme à ses proches, comme à son avocat de l'époque. Aujourd'hui, il a préféré un certain silence.