Personne en France n’a pu échapper à l’info qui a saturé les journaux télévisés, radiophoniques et papier depuis hier matin (laissant au passage une place remarquablement réduite au bombardement d’un hôpital à Alep, pour changer) : Mme Kim Kardashian, starlette de téléréalité (enfin, je crois), fille de, femme de et sœur de, a été victime la nuit dernière d’un vol aggravé dans la résidence de luxe qu’elle occupait à l’occasion de la Fashion week, dans le VIIIe arrondissement parisien.
Rappelons les faits : dans la nuit de dimanche à lundi, cinq personnes habillées en policiers se sont présentées à la résidence de Mme Kardashian. Après avoir maîtrisé le concierge, seul personnel de sécurité présent sur les lieux, ils se sont fait indiquer par celui-ci l’appartement de la jeune femme, qui s’y trouvait alors seule. Plusieurs d’entre eux ont alors pénétré dans l’appartement, lié les poings de Mme Kardashian, l’ont bâillonnée et placée dans la baignoire en la menaçant d’une arme de poing, avant de dérober des bijoux pour un montant total évalué à 9 à 10 millions d’euros.
Mme Kardashian a réussi à se libérer après le départ des malfaiteurs et à appeler les secours. Elle a ensuite rapidement quitté Paris après avoir été entendue par les enquêteurs saisis du dossier en flagrance.
Dans quelques jours, une instruction criminelle sera normalement ouverte. Il faut espérer que les investigations permettent l’identification et l’interpellation des auteurs de ces actes, leur mise en examen et leur renvoi, en toute logique, devant une Cour d’assises.
Les actes susceptibles d’être reprochés aux éventuels mis en cause seraient qualifiables, en premier lieu, de vol aggravé de plusieurs circonstances aggravantes, les violences concomitantes et l’usage d’une arme en constituant les plus évidentes.
La circonstance liée à la bande organisée, définie par l’article 132-71 du code pénal comme « tout groupement formé ou toute entente établie en vue de la préparation, caractérisée par un ou plusieurs faits matériels, d'une ou de plusieurs infractions », pourrait également sembler applicable et préférable à celle de réunion, qui supposerait une « simple » pluralité d’auteurs.
On peut en effet légitimement supposer que les malfaiteurs aient procédé à une préparation minutieuse de leur crime, notamment pour déterminer le lieu de villégiature de Mme Kardashian, obtenir des armes et des uniformes de policiers, et intervenir alors même que les gardes du corps de l’intéressée étaient absents (sortis accompagner sa sœur Kourtney en boîte de nuit, semble-t-il).
La peine encourue s’élève à 30 ans de réclusion criminelle, en application de l’article 311-9 du code pénal, et justifie ainsi largement la mise en œuvre de moyens d’investigation à la hauteur du préjudice causé, dont on rappellera qu’il est loin de se cantonner au plan matériel. Même si l’on n’éprouve qu’une indifférence réservée quant à l’œuvre artistique de Mme Kardashian, les minutes qu’elle a dû passer, un pistolet sur la tempe, en imaginant nécessairement une issue bien plus sinistre que celle qui s’est finalement produite, ne devraient susciter à son égard que la compassion à laquelle a droit toute victime d'agression plutôt que le déchaînement de moqueries et commentaires satisfaits auquel on peut assister depuis 24 heures, y compris de la part de certain acteur-réalisateur français qu’on a connu mieux inspiré dans le choix de ses cibles.