Lundi 10 juillet. On n’y croyait plus à vrai dire. Cet après-midi les autorités de la France Libre sont enfin venues nous rendre visite à Bréville, plus d’un mois après qu’on ait débarqué. Pour l’occasion le général de Gaulle nous a envoyé le patron de la marine, l’amiral Thierry d’Argenlieu en personne.
C’est une vieille connaissance pour certains d’entre nous. Bien avant qu’on débarque en Normandie il était venu nous inspecter dans le sud de l’Angleterre. C’était à Eastbourne en octobre 1943. On était encore complètement inexpérimentés et rattachés au n°10 Commando britannique.
Cette fois-ci c’est différent, on a tous fait nos preuves au combat. Il le sait et c’est pour ça qu’il vient nous voir, pour nous rendre hommage et nous remonter le moral aussi.
Quand il a débarqué dans notre secteur, accompagné de Lofi, on n’était pas vraiment prêts à le recevoir, personne ne nous avait prévenu de son passage. On était une fois de plus en train d’aménager nos tranchées, en plein travail de terrassement ! Le tout à 100 mètres des premières lignes.
On a donc été tous un peu surpris, et certains d’entre nous l’ont même reçu torse nu comme Bolloré à gauche de cette photo ou Bouilly au centre. Mais qu'importe! Que c’est bon de se sentir enfin importants et reconnus par nos supérieurs !
D’Argenlieu, c’est un type qu’on aime bien chez les commandos. D’autant plus qu’avant de repartir il nous a laissé comme d’habitude une belle barrique de vin rouge. Alors cet homme ne peut être que bon !