Vendredi 7 juillet. Hier on a travaillé à creuser nos tranchées une bonne partie de la journée, pas le temps de lever la tête. L’artillerie allemande est incessante, de jour comme de nuit. Il faut sans cesse s’enterrer un peu plus, encore et encore, reconstruire aussitôt les tranchées détruites la veille par les obus des Boches.
Bref, pas eu trop le temps de chômer en vérité... Pourtant hier c’était une journée idéale pour se détendre un peu. C’est que quelques uns d’entre nous, Lanternier, Mazéas et Quentric prenaient tous ce jour-là une année de plus.
Alors aujourd’hui, comme c’est un peu plus calme sur le front, on se rattrape. Mazéas n’est plus là, rapatrié dans un hôpital en Angleterre depuis sa blessure du 6 juin. Mais on n’a pas manqué de trinquer à sa santé avec Lanternier et Quentric. On a débouché une bonne bouteille de vin que Lanternier avait mis de côté à Amfreville.
Louis Lanternier, c’est un peu comme un grand frère pour nous. Pour moi c’est même un vieux... Pensez, il fête ses 30 ans ! Il vient de la Légion étrangère. On le respecte pour ça. Il a fait Narvik en 1940 avant de rejoindre Londres. Un type qui impressionne, qui fait pas dans le détail, brut de décoffrage comme on dit. Bon il est souvent mal coiffé, pas rasé, mal fagoté ; mais ça reste un excellent soldat d’une fidélité à toute épreuve.
Un chic type en somme… Allez, à ta santé Lanternier !