Mercredi 14 juin. Ce matin, le moral est plutôt bon. On a appris que Bréville était définitivement tenu par les paras de la 6e Airborne et nos camarades commandos britanniques. On va pouvoir souffler un peu après ces journées infernales. A la K Gun c’est toujours Saerens et Coste qui nous commandent, et on est toujours stationnés dans les parages du château d’Amfreville.
On a perdu pas mal de monde en trois jours de bombardements : 4 morts et 31 blessés dont 17 grièvement atteints, tout de suite évacués vers l’Angleterre. On n’est plus qu’une quinzaine dans les rangs, ce qui n’empêche pas les Anglais de nous envoyer en patrouille. Aujourd’hui avec Andriot on a fait des incursions dans les lignes allemandes vers le bois de Bavent, ça nous change de nos trous de combat !
Ces patrouilles de nuit ça me redonne le moral, on est dans l’action, même si on les fait avec la peur au ventre. Car l’ennemi n’est pas loin. Dans le silence on sent pourtant qu’il est là derrière le talus, derrière la haie, en face de nous. On le devine mais on le voit pas…
Ceux qu’on voit bien en revanche, ce sont les moustiques ! Ils sont partout. On passe notre temps à s’enduire les mains et le visage d’une crème censée nous protéger de leurs attaques, mais c’est pas très efficace. Alors on se couvre de nos filets de camouflage et on avance comme on peut, attentifs, sans faire de bruit. La nuit nos vrais ennemis finalement ce sont ces sales bestioles !