Mercredi 31 mai 1944. Ca fait quatre jours maintenant qu’on étudie les plans. On nous a distribué une brochure, écrite en Anglais pour des Anglo-saxons. Elle décrit la situation de la France depuis l’armistice de 1940. On y apprend l’héroïsme de la Résistance ainsi que ses souffrances. On y parle également de son aide aux Alliés, notamment aux aviateurs qui sont secourus et cachés. Elle rappelle que si la Grande-Bretagne a pu rester dans la lutte et tenir tête à l’Allemagne nazie, c’est en grande partie parce que c’est une île et que c’est cette particularité géographique qui l’a sauvée. La France, elle, a dû subir seule l’assaut des armées d’Hitler. Cette petite brochure décrit également la mentalité et le caractère des Français. Il est donc vivement recommandé aux troupes de se conduire en libérateurs et non en envahisseurs, en soldats qui viennent libérer leurs alliés prisonniers, de ne pas être trop entreprenants envers les femmes françaises dont les films hollywoodiens avaient pu laisser penser à certains qu’elles étaient plus « faciles ». Enfin, des questions et réponses en français doivent permettre aux soldats de se faire comprendre. L’ordre du jour du général Eisenhower est également distribué.
Cela m’amuse de découvrir ainsi, à travers les yeux de l’étranger, ce pays qui est le mien mais que je ne connais finalement pas. Pour les copains qui n’ont pas revu la France depuis quatre ans, ça leur donne quelques nouvelles du pays, mais pas grand-chose qu’ils ne sachent déjà. En fait, beaucoup ignorent la vie que mènent réellement leurs proches sous la botte allemande. Dans quel état allons-nous (re)trouver la France ?