Lundi 29 mai 1944. C’est la Pentecôte aujourd’hui. L’heure est au recueillement. Presque tout le monde est venu à la messe donnée par « le Padre », l’abbé de Naurois, notre aumônier.
On l’aime notre « Padre », croyants comme non croyants. C’est un type formidable. Il paraît qu’il a vécu à Berlin dans les années 30, de l’arrivée au pouvoir des nazis à la déclaration de guerre, moment où il a rejoint la France.
C’est un intellectuel, un homme d’une grande sagesse. Avant d’arriver ici, il faisait déjà partie de la Résistance en France. Et comme la Gestapo le cherchait car il avait monté un réseau d’évasion de Juifs vers la Suisse, il a franchi les Pyrénées puis a rejoint Londres via l’Espagne. Devenu aumônier de la France libre il a choisi de devenir celui des commandos. Un curé en béret vert !
Nous étions tous face à lui ce matin, mais tous recueillis, sages. La ferveur est plus grande maintenant que les combats approchent.
Avec Andriot on est allé se faire confesser dans la matinée. Le Padre a enchaîné les confessions, assis sous un arbre.
Demain, nouvelle journée d’étude. Il ne faut pas perdre de temps. Je ne sais pas combien il nous reste avant le départ donc autant être prêts à l’avance…