Samedi 28 août. Aujourd’hui, jour de repos pour quelques uns d’entre nous. On prend nos permission à tour de rôle. On nous prévient que sont les dernières perm avant le retour chez les British.Cette fois-ci celui qu’est avec moi, c’est Jérôme Piriou, un Breton. Jusqu'à présent, comme moi il s’en sort plutôt bien. Jamais blessé depuis le 6 juin.
Piriou, il est arrivé en même temps que moi à la K Gun. Il est chef de pièce, un bon gars. Aujourd’hui on prend du bon temps et on se raconte un peu nos vies. Je lui parle de la vie à Tunis, lui de sa vie en Bretagne.
Piriou m’explique qu’il fait partie des 110 rescapés du Bretagne avant son naufrage en juillet 40. Il a ensuite été affecté à la marine d’Oran, avant d’entrer dans la Résistance. Après le débarquement en Afrique du Nord, il a pris la direction de l’Angleterre et a rallié les FFL à Londres en mai 1943 après avoir déserté. Et c’est là qu’il arrive aux commandos. Un sacré parcours, comme nous tous j’ai l’impression…
On se promet de se revoir quand tout ça sera fini. Il m’a tellement vanté sa Bretagne en long et en large que j’irai sûrement faire une virée là-bas après la guerre. C’est peut-être que des paroles en l’air, mais c’est bon d’avoir des projets à nos âges. Faut dire que j’ai même pas encore mes 18 ans…