"La Faim dans le monde tient du Crime organisé" (Jean Ziegler)

" Un enfant qui meurt de faim est un enfant assassiné. " - Jean Ziegler.

Toutes les cinq secondes, un enfant de moins de dix ans meurt de faim; des centaines de millions souffrent avec leurs parents de sous alimentation permanente. Or, selon Jean Ziegler, ancien rapporteur de l'ONU pour le Droit à l'Alimentation, "l'agriculture mondiale, telle qu'elle est aujourd'hui, pourrait aujourd'hui nourrir 12 milliards d'être humains". Nous sommes pourtant moins de 7 milliards, et chaque jour, ce sont 100 000 personnes qui meurent de la faim ou de ses suites immédiates.

Le droit à l'alimentation

Pour vous, pour chacun, il existe un Droit à l'Alimentation. Sa définition est d'ailleurs plus large qu'on pourrait l'imaginer :

" Le droit humain à l'alimentation [...] se définit comme suit :

"Le droit à l'alimentation est le droit d'avoir un accès régulier, permanent et libre, soit directement, soit au moyen d'achats monétaires, à une nourriture qualitativement et quantitativement adéquate et suffisante, correspondant aux traditions culturelles du peuple dont est issu le consommateur, et qui assure une vie psychique et physique, individuelle et collective, libre d'angoisse, satisfaisante et digne."

Parmi tous les droits de l'homme, le droit à l'alimentation est certainement celui qui est le plus constamment et le plus massivement violé sur notre planète.

Nous vous conseillons la lecture de l'ouvrage de Jean Ziegler "Destruction Massive, Géopolitique de la Faim" .

JEAN ZIEGLER

Résumé du livre (source) :

"Jean Ziegler, rapporteur spécial des Nations Unies pour le droit à l’alimentation de 2000 à 2008, est connu pour ses prises de position tranchées qui agacent certains. Dans ce nouveau livre, il s’attache à démontrer que le droit à l’alimentation est, parmi les Droits de l’homme, celui qui est le plus massivement violé. Avec 1 milliard d’êtres humains souffrant en permanence de la faim et un enfant qui en meurt toutes les 5 secondes sur une planète qui regorge de richesses, la faim tient pour lui du “crime organisé”.

Même si le droit à l’alimentation figure dans la Déclaration  universelle des droits de l’homme adoptée en 1948 par l’ONU, il a selon l’auteur des ennemis puissants au sein de certains Etats membres. Beaucoup de responsables aux Etats-Unis, comme au FMI et à l’OMC, par exemple, le considérent comme une aberration.

Derrière ces organisations se fait aussi sentir l’influence de gigantesques sociétés privées qui exercent le contrôle de la production et du commerce alimentaire (semences, engrais, pesticides, stockage, transport, assurance, distribution…).

Tous ces acteurs prônent la libération aussi complète que possible du marché agricole mondial au motif d’améliorer la productivité  agricole et de faire reculer la faim. Cette approche se traduit pour Ziegler par une industrialisation intense avec pour corollaire l’élimination d’une multitude de fermes “improductives” et de l’agriculture vivrière et familiale.

En 2009, suite à la crise financière, alors que le nombre de pauvres dans le monde a augmenté de 120 millions, l’auteur note que les gouvernements des Etats industriels ont versé près de 9 000 milliards de dollars à leurs banques respectives, ce qui représente 75 ans d’APD (Aide Publique au Développement) mondiale."

L’auteur souligne aussi deux nouveaux fléaux : l’appropriation massive de terres dans les pays pauvres (“land grabbing”) par des producteurs de biocarburants et par des Etats qui manquent de terres arables, et la spéculation sur les terres arables.

Il consacre de riches développements à ces sujets, car ils sont étroitement liés à la faim dans le monde. En 2011, 100 millions d’hectares de terres agricoles ont été réquisitionnés par les pays pauvres ayant cédé aux propositions "d’investisseurs”. Cela a entraîné l’expulsion de nombreux petits propriétaires pratiquant une agriculture nourricière.

De plus, les biocarburants, souvent présentés comme une réponse à la dégradation climatique, constituent pour l’auteur une vraie imposture : non seulement leur production s’accompagne de rejets massifs de dioxyde de carbone et absorbe un volume d’eau potable considérable, mais elle aggrave la problématique de la faim dans le monde. Faire le plein d’un reservoir de voiture individuelle nécessite par exemple l’équivalent de 358 kg de maïs, ce qui permet de nourrir un enfant pendant une année en Zambie ou au Mexique.

Ziegler dénonce aussi le fait que certains pays riches commencent à acheter ou louer à grande échelle des terres agricoles dans les pays pauvres, à un prix extrêmement bas, afin de s’approvisionner en nourriture ou de réaliser une plus-value future (ils laissent alors les terres en friches en attendant une hausse des prix). L’auteur considère que la Banque mondiale est complice de ce “vol” de terres arables en les facilitant par différents crédits.

En conclusion de ce livre, où les cris de colère sont nombreux, l’auteur appelle à un effort supplémentaire des pays riches : 80 milliards de dollars d’investissements par an pendant 15 ans permettraient pour lui de faire reculer et même disparaître la faim. Ce qui peut paraître considérable mais représente en fait une toute petite fraction des dépenses militaires mondiales.  Comme beaucoup d’autres auteurs, Ziegler conclut à un manque de volonté politique pour résoudre le problème de la faim.