Je dois l'avouer, lorsque mon chef est venu me demander si je comptais écrire un article sur Call of Duty : Ghosts, disponible depuis ce mardi 5 novembre, je n'étais pas franchement emballé. D'abord parce que je n'ai jamais été un grand fan des jeux de tir à la première personne, mais surtout parce que j'avais de très mauvais échos au sujet de la communauté de fans de la série Call of Duty (COD).
Pas besoin de chercher bien loin pour savoir pourquoi. Fin juillet, l'un des développeurs de COD : Black Ops II se faisait menacer de mort par des joueurs révoltés par une mise-à-jour qui ne leur convenait pas. La semaine dernière, la distribution en avant-première de 500 exemplaires gratuits de COD : Ghosts provoquait des scènes de quasi-émeute lors de la Paris Games Week. Et que dire de cette vidéo, tournée lors de la phase finale d'un tournoi européen organisé à Cologne (Allemagne) en mars, dans laquelle des joueurs pro de COD s'insultent copieusement ?
"Les ados entre 14 et 17 ans se ruent chaque année sur Call of Duty"
Joueurs très jeunes, bruyants et agressifs... Les fans de COD sont-ils vraiment aussi détestables que ce que j'imaginais ? "Non, on ne peut pas stéréotyper cette communauté", me répond David Trigano. Connu sous le pseudo de "Surion", ce jeune homme de 25 ans commente depuis deux ans et demi des matchs de jeux de tir pour Millenium, la plus ancienne structure de joueurs pro de France, dont j'ai déjà parlé ici.
"C'est une réalité, les joueurs de Call of Duty sont jeunes. Les ados qui ont entre 14 et 17 ans se ruent chaque année sur le nouvel épisode de la série, en partie grâce à une stratégie marketing hyper efficace de l'éditeur Activision", explique-t-il. Mais le commentateur préfère insister sur la "passion" qui anime les fans. "Lors de la compétition la plus prestigieuse, 150 000 personnes suivaient les matchs en direct sur internet, et 400 000 depuis leur console", continue-t-il.
Des insultes "comme sur un terrain de foot"
Et les insultes ? Le jeune homme, qui apparaît aux côtés de joueurs Millenium dans la vidéo où les noms d'oiseaux fusent, répond sans gêne. Il dit "comprendre, mais pas excuser" le comportement de certains pros lors de matchs où plusieurs milliers de dollars sont en jeu. "Dans des jeux comme Starcraft ou League of Legends, on peut retourner la situation à son avantage après avoir été battu dans un premier temps. Pas dans Call of Duty. Ça reste un jeu de guerre, avec beaucoup d'adrénaline, où il faut en permanence gagner son duel contre l'adversaire pour espérer l'emporter".
Du coup, "les joueurs crient pour libérer la tension, motiver leur équipe et faire peur à l'adversaire", continue "Surion". "Ce genre de choses arrive aussi sur les terrains de foot, sauf que là, on n'entend pas ce que se disent les joueurs !" sourit le commentateur.
"On parle de tournois avec des récompenses de 2 millions de dollars"
Le jeune homme parie toutefois sur un assagissement de la communauté. Parce que les joueurs grandissent, mais aussi parce que le secteur se professionnalise. "De plus en plus de sponsors investissent dans les compétitions, et l'éditeur Activision commence à conclure des partenariats avec les organisateurs de tournois", détaille "Surion".
"Maintenant que Ghosts est sorti, on parle déjà de tournois avec des récompenses de 2 millions de dollars. Avec tous ces paramètres, les joueurs pro réfléchiront à deux fois avant de se mettre à hurler sur scène : je ne les imagine pas prendre le risque de remettre en cause les avantages qu'ils accumulent petit à petit à cause d'un mot de travers". La probable sortie d'un nouvel épisode en 2014 sera l'occasion de vérifier sa prédiction.