Savez-vous ce qu'est un MOBA (multiplayer online battle arena) ? Ce genre de jeu vidéo un peu bâtard emprunte à la fois au jeu de stratégie, au jeu de rôle et au jeu d'action. Deux équipes, généralement de cinq joueurs, s'y opposent pour détruire la base adverse lors de parties d'une durée moyenne de 30 minutes.
Jeudi 17 octobre, Blizzard a donné un coup d'accélérateur à son projet de MOBA. L'éditeur américain, à l'origine d'une série de cartons depuis le milieu des années 1990 (les séries Warcraft, Diablo et Starcraft), a publié une vidéo humoristique dévoilant le nouveau nom de son bébé : Heroes of the Storm. Le jeu, annoncé depuis le mois d'octobre 2010, doit être présenté plus en détail lors du salon BlizzCon, début novembre.
L'entrée annoncée du géant américain dans ce domaine est tout sauf une surprise. Voici trois raisons pour lesquelles Blizzard se jette à son tour dans l'arène.
Parce que tout le monde ou presque joue aux MOBA
Ce genre de jeu est très, très populaire. Les chiffres parlent d'eux-mêmes : DotA 2, un MOBA sorti en juillet par l'éditeur Valve, est actuellement le jeu le plus joué sur la plateforme Steam. En moyenne, 500 000 personnes y jouent simultanément sur leur ordinateur, à n'importe quelle heure du jour et de la nuit.
Et que dire de League of Legends ? Disponible depuis l'automne 2009, il rassemblait, en octobre 2012, 12 millions de joueurs par jour, selon son éditeur, Riot Games. Les compétitions du titre remportent un tel succès qu'en août, les services d'immigration américains ont accordé à un joueur un visa d'athlète professionnel. Difficile pour Blizzard, qui avec son jeu Starcraft 2 occupe une place de choix sur la scène du sport électronique, d'ignorer le phénomène.
Parce que Blizzard est (un peu) le papa du genre
L'absence de Blizzard du marché du MOBA était d'autant plus curieuse que l'éditeur est étroitement associé à l'invention de ce type de jeu. Le premier MOBA était en effet une modification d'un jeu de Blizzard, Warcraft 3, réalisée par des joueurs amateurs à l'aide de l'éditeur de niveau fourni par l'éditeur.
Sorti en 2003, DotA (Defense of the Ancients) a très vite rencontré un succès international. En 2009, les deux auteurs de la modification du jeu ont été recrutés par Riot Games et Valve, afin de participer au développement de League of Legends et de DotA 2.
Blizzard a donc vu se développer sous son nez un phénomène dont il a tardé à saisir le potentiel. Furieux de voir un de ses concurrents s'approprier la marque DotA, l'éditeur a déposé en février 2012 une réclamation auprès de l'instance américaine chargée des brevets. Le conflit entre Blizzard et Valve se résoudra trois mois plus tard par un accord dont les détails n'ont pas été rendus publics.
Parce que ça peut rapporter gros
Avec Heroes of the Storm, comme avec Hearthstone, un autre jeu annoncé en mars dernier, Blizzard compte enfin essayer un nouveau modèle économique : le free-to-play. Ce système, qu'ont adopté les autres MOBA à succès, consiste à rendre le jeu disponible gratuitement en téléchargement, avec un nombre de personnages et d'objets limités.
Pour acquérir de nouveaux personnages, des tenues plus élégantes ou des objets variés pour les aider lors des combats, les joueurs ont deux possibilités : ils peuvent péniblement accumuler des points lors des parties, ou bien se délester de quelques euros.
Les jeux de Blizzard ne fonctionnent pour l'instant qu'avec deux modèles économiques classiques. Celui du jeu payé plein pot, avec des franchises comme Starcraft ou Diablo, et celui de l'abonnement mensuel, avec le jeu de rôle en ligne World of Warcraft. L'éditeur aurait tort de se priver de ce nouveau modèle : selon le site Games Industry, Riot Games empocherait environ 150 millions de dollars par an avec le seul League of Legends.