Aïe aïe aïe... Mardi dernier, je publiais un article intitulé "Tomb Raider, SimCity : comment réussir son retour ?". J'y donnais trois petits conseils pour ranimer une licence arrêtée depuis plusieurs années : revenir aux sources, réussir à durer, et éviter la ringardise. J'en ai visiblement oublié un de taille : sortir un jeu qui fonctionne. C'est ce que Maxis, le développeur du jeu de gestion de ville SimCity, n'a pas fait. Retour sur ce ratage en 4 actes.
Acte 1 : un jeu encensé par la critique
Parmi les journalistes américains qui ont pu mettre la main sur le titre avant sa sortie, beaucoup sont dithyrambiques. Pour Polygon, SimCity est "une fusion quasi-parfaite entre le grand classique du jeu vidéo que nous connaissions et le jeu en ligne et social moderne", tandis que pour VentureBeat, "le jeu est aussi charmant qu'aux débuts de la série, il y a tant d'années".
Acte 2 : les serveurs saturent, la communauté gronde
A la sortie du titre, mardi 5 mars, patatras ! L'immense majorité des joueurs est incapable de lancer une partie. La raison ? Afin d'éviter le piratage, SimCity se connecte en permanence aux serveurs de son éditeur EA, qui vérifie que la copie du jeu est authentique. C'est bien entendu valable pour les parties en ligne, mais aussi pour celles en solo.
Le problème, c'est que ces fameux serveurs ne tiennent pas le choc face à la demande des joueurs, qui essaient de se connecter par dizaines de milliers. De quoi énerver ceux qui attendaient depuis plus de dix ans la suite de SimCity 4.
Acte 3 : EA prend des mesures d'urgence et arrête la promotion du jeu
En urgence, EA active des serveurs supplémentaires. Plus étonnant, pour alléger le nombre d'informations traité par ses serveurs et améliorer la connexion des joueurs, une mise à jour un peu spéciale du jeu est déployée à partir du 7 mars. Celle-ci désactive un certains nombre de fonctionnalités, comme les classements entre joueurs, ou encore la vitesse maximale des parties. Parallèlement, l'éditeur du jeu demande à ses partenaires d'arrêter d'en faire la promotion tant qu'il n'est pas possible de jouer dans de bonnes conditions.
Pour tenter de calmer la grogne des joueurs, EA annonce le lendemain qu'il offrira en guise de dédommagement un autre jeu en téléchargement gratuit à tous ceux qui ont acheté SimCity. Sans succès : sur le site Metacritic, les internautes donnent au jeu la moyenne désastreuse de 1,6/10. Polygon, qui avait attribué à SimCity la note de 9,5/10 avant sa sortie, revient sur son jugement après la mise à jour qui ampute le jeu de certaines fonctionnalités : 4/10. Boum.
Acte 4 : vers un retour à la normale, ou pas
Dimanche 10 mars, de nouveaux serveurs sont activés. De quoi rendre heureuse Lucy Bradshaw, la patronne de Maxis. "Nous avons réduit de 92% les problèmes de connexion", écrit-elle sur le site officiel du jeu, ajoutant que ces soucis sont désormais "presque derrière nous". SimCity devrait donc bientôt être jouable dans de bonnes conditions. Mais pourra-t-il vraiment se remettre de ce lancement-catastrophe ? La question peut se poser. Sur la version américaine du site de vente en ligne Amazon, SimCity a été noté en moyenne 1 étoile sur 5 par plus de 3 000 internautes.
L'un d'entre eux a laissé un commentaire qui a été jugé particulièrement utile par les autres membres d'Amazon, et qui apparaît donc en premier sur la page du jeu. Il y critique, entre autres, les problèmes de connexion. Sa dernière phrase a des allures de pavé dans la mare : "Acheter ce jeu ? A mon avis, il serait plus sage de sortir trois billets de 20$ de votre portefeuille, et de les brûler".