Violence dans les jeux vidéo, saison 16, épisode 238. Après la tuerie dans l'école primaire de Sandy Hook qui a fait mi-décembre 27 victimes dont 20 enfants à Newtown, une ville voisine s'empare du sujet. Une association de Southington, située à une cinquantaine de kilomètres des lieux du drame et qui compte un peu plus de 40 000 âmes, veut lancer une collecte de jeux vidéo violents, échangés contre des bons d'achat d'une vingtaine d'euros.
Créée en 2005 pour aider aux victimes de l'ouragan Katrina, cette association nommée SouthingtonSOS regroupe entre autres des membres de la Chambre de commerce locale, du conseil municipal, ou encore des responsables religieux, rapporte le site spécialisé Polygon (article en anglais).
L'un de ses responsables explique à Polygon avoir été submergé de demandes pour organiser un évènement "significatif pour aider Newtown et [sa] propre communauté". SouthingtonSOS a donc décidé de s'inspirer de la démarche d'un préado de 12 ans de Newtown qui, après l'enterrement de l'une des victimes que fréquentait son petit frère, avait décidé de se débarrasser de ses jeux vidéo violents.
"Nous n'accusons pas les jeux vidéo violents"
L'association jure n'avoir qu'un but : encourager le dialogue dans les foyers de la ville au sujet de l'environnement culturel violent dans lequel baignent les enfants. "Nous conseillons d'abord aux parents de regarder à quels jeux jouent leurs enfants. Nous leur demandons de mieux comprendre ce qu'ils font, et d'en discuter ensemble. Si les familles estiment qu'il n'y a pas de problème, tant mieux", estime le responsable cité par Polygon. Les autres sont invitées à se rendre le 12 janvier au cinéma local pour y déposer leurs jeux vidéo. L'association, qui ajoute que les films et les disques violents seront aussi acceptés, compte ensuite les brûler à la déchetterie.
"Nous n'accusons pas les jeux vidéo violents d'être la cause du massacre de Newtown, affirme SouthingtonSOS dans un communiqué. Nous dénonçons simplement le fait que de tels jeux, mais aussi la télévision et le cinéma, alimentent jour à près jour un flux continu de violence et de mort. Tout cela contribue à une augmentation de l’agressivité, de la peur, de l'anxiété, et désensibilise nos enfants aux actes violents."
Sur le site communautaire Reddit, de nombreux internautes anglophones se désolent, tant pour des raisons écologiques que symboliques. De mon côté, j'ai déjà eu l'occasion de m'exprimer sur le sujet après la publication en novembre d'une tribune à charge sur le site internet du Point. J'expliquais alors pourquoi l'éternel procès en violence fait au jeu vidéo ne me semble pas pertinent. La démarche de l'association de Southington me permet d'ajouter un point qui – croyais-je –, allait de soi : à l'image de ce que l'on connaît déjà pour le cinéma, des classifications existent dans les jeux vidéo, qu'il s'agisse du système européen PEGI ou de l'américain ESRB. Il ne tient qu'aux parents de veiller à ce qu'elles soient respectées.