Le Prince Harry et Meghan Markle : les nouveaux communicants royaux

Le Prince Harry et Meghan Markle. / © AFP

Le moins que l'on puisse dire, c'est que la future femme du prince Harry n'a pas eu le temps de se familiariser à son nouveau statut. Seulement quatre jours après l'annonce de ses fiançailles, ce 1er décembre à Nottingham, Meghan Markle - de son vrai nom Rachel Meghan Markle- est déjà plongée dans le grand bain médiatique afin de remplir son premier engagement officiel. Il faut dire que l'attente mondiale était forte. Très forte. Pas moins de 200 000 recherches «Meghan Markle» ont été enregistrées par Google sur les 3 dernières heures suivant le communiqué officiel annonçant leur mariage diffusé sur les réseaux sociaux par Clarence House, la maison du prince Charles, depuis son compter twitter. La Monarchie britannique, cette vieille dame de mille ans d'âge, vient d'être sacrément dépoussiérée par le cadet de sa fratrie : actrice, blogueuse, chrétienne, américaine, divorcée et métisseMeghan Markle fait rentrer de plein pieds la royauté dans le XXIème siècle. Kate et William l'avaient déjà fait en leur temps. Mais il faudra désormais compter sur Meghan et Harry pour restaurer le blason familial et resserrer plus encore les liens avec les sujets de sa Majesté.

1Exit les couacs, place aux professionnels de la communication

A la fin des années 90, suite aux divers scandales qui ont agité la royauté, entre 20 et 30% de la population britannique considéraient qu’il fallait abolir la monarchie. Une révolution. Et pourtant, plus de vingt-cinq après, les sujets de sa Majesté scrutent avec affection la famille royale. Il faut dire que la communication s'est royalement améliorée avec l'arrivée en 2014 de Sally Osman, aujourd'hui directrice de communication des Windsor, après un passage chez Sony Europe. A la tête d'une équipe de trente personnes depuis Buckingham Palace, cette femme de l'ombre gère la communication de main de maître. Du côté de William, Kate et Harry, c'est Jason Knauf est la tête pensante de la stratégie. Ce communicant, dont le CV à de quoi faire pâlir les plus ambitieux -ancien conseiller du gouvernement néo-zélandais, il était précédemment en charge de la communication de la banque Royal Bank of Scotland- gère aujourd'hui les premiers pas de Meghan Markle après s'être consacré à ceux de Kate Middleton. Associé à Edward Lane Fox, le secrétaire privé du Prince, il devait vite faire oublier la première prise de parole de Meghan Markle sur son couple avant même d'avoir rencontré la Reine. Shoking ! C'est désormais chose faite. Et le moins que l'on puisse dire c'est que les tweets et retweets entre tous les comptes royaux ainsi que le timing adopté ont été savamment étudiés pour donner encore plus d'ampleur à la nouvelle et attester ainsi de la fluidité de la communication entre toutes les forces en présence. Des pros donc. Même si le travail de Sally Osman promet de se complexifier très rapidement avec la mise en scène du nouveau couple. Kate et Meghan sont tenues d'obéir à un protocole différent. En tant qu'épouse du futur roi, Kate sera reine un jour. Les règles de ses apparitions publiques sont donc beaucoup plus strictes. Meghan aura, quant à elle, beaucoup plus de liberté pour se faire une place dans le paysage auprès des médias qui n'ont déjà d'yeux que pour elle. Or, protocollairement, le Prince William doit impérativement tenir le haut du pavé. Autre source d'inquiétude, la demi-soeur de Meghan, Samantha Grant, 53 ans,  sort un livre sur le sujet peu amène sur la future mariée, appuyée désormais par Ninaki Priddy, présentée comme son ex "meilleure amie", qui critique ses comportements de diva. Son demi-frère Tom Markle Jr, 51 ans, a quant à lui été arrêté pour avoir prétendument brandi une arme à feu en janvier dernier. Affaires à suivre pour les communicants !

2 Une mise en scène rodée du conte de fée moderne

Tout comme pour Kate et William, le mariage de Meghan et Harry symbolise en soi le mariage du peuple et de la royauté, un conte de fée qui fait rêver les foules tant il résonne fortement avec l'identité même du peuple britannique. Tout entier tourné vers un désir d'ouverture, il vit actuellement un "moment Obama" avec l'arrivée sur le sol britannique de Meghan Markle, dont la mère est afro-américaine. La jeune femme a déjà dû essuyer des remarques racistes inadmissibles obligeant le Prince Harry à se fendre d'un communiqué pour y mettre un terme en novembre 2016. Connue pour son rôle dans la série « Suits », Meghan n'a pas de sang bleu, à l'instar de sa belle-soeur Kate. Mais fait remarquable, la jeune femme de 36 ans est divorcée. Cependant, le père d'Elisabeth II, le roi George VI, ne serait jamais monté sur le trône, si son frère, le duc de Wind­sor, n’avait abdiqué par amour pour Wallis Simp­son, une améri­caine divor­cée et considérée comme trop fantasque pour la couronne britannique. Par ailleurs trois des quatre enfants de la Reine d'Angleterre sont eux-mêmes divorcés. Meghan Markle a été mariée une première fois selon les rites juifs de son premier époux. La mère de l'actrice, Doria Ragland, est protestante, et son père, Thomas Markle, épiscopalien. Chrétienne, Meghan Markle devra impérativement être baptisée puis confirmée pour intégrer l'Eglise d'Angleterre dirigée par la grand-mère royale de son futur époux. Tout cela ne l'a en rien empêchée de franchir avec brio l'épreuve du feu de la première interview à la BBC suivie de la première rencontre avec le peuple dans les rues de Nottingham. Très à l'aise et spontanée lors de ses premiers pas en tant que membre de la famille royale, elle a fait forte impression et déjà sa notoriété profite aux marques qui l'habillent. Rupture de stocks pour le sac qu'elle arborait, tout comme son long manteau blanc lors d'une première sortie officielle. Les enjeux financiers sont énormes pour les entreprises concernées. Le mariage promet aussi d'être un joli coup marketing. 

3Géopolitique du mariage et premiers renoncements

En devenant membre à part entière des Windsor, l’actrice a décidé de renoncer à sa carrière ainsi qu’à son engagement auprès de l'ONU, où elle militait pour les droits des femmes -sujet porte depuis son plus jeune âge comme en témoigne ci-dessous l'une de ces premières interviews- afin de se consacrer aux activités caritatives de la famille royale. Elle deviendra notamment marraine de la Royal Foundation après son mariage, aux côtés de son époux et de William et Kate. Elle devra en outre bannir tout message à caractère politique qui placerait en porte-à-faux la royauté et donc adopter un devoir de réserve, elle qui s'était prononcée publiquement contre le Brexit et Donald Trump. Par ailleurs, la future femme du Prince Harry devra renoncer, ni plus, ni moins, à sa nationalité américaine pour accéder à citoyenneté britannique. Le communicant du prince Harry, Jason Knauf, l'a assuré dans les colonnes du Telegraph : elle se se conformera aux règles liées à l’immigration du royaume. Pas de passe-droit. Ce processus prendra plusieurs années durant lesquelles Meghan Markle "gardera sa nationalité l'américaine". Une aubaine diplomatique pour un rapprochement stratégique avec les Etats-Unis. Le mariage princier, prévu pour mai 2018, coïncidera avec les négociations autour du Brexit. Tout rapprochement avec l'outre-atlantique sera plus que bienvenu en ces temps troublés. Côté symbole, cette idylle n'est pas en reste : américaine, résidant au canada, très investie en Afrique -passion qu'elle partage avec le Prince Harry-, bientôt britannique... Meghan Markle est le symbole même du Commonweath à elle seule et c'est précisément le territoire où le Prince Harry entend passer du temps pour voyager. Il ne reste plus qu'à jeune femme moderne de faire sienne la devise victorienne : "never explain, never complain", ne jamais s'expliquer, ne jamais se plaindre.

 

 

Anne-Claire Ruel

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