Le remaniement, c'est maintenant !

Le Premier ministre Jean-Marc Ayrault donne un discours après les résultats du premier tour des élections municipales, le 23 mars 2014. (THOMAS SAMSON / AFP)

Oui, bon, c'est un peu de politique fiction. Je sais, c'est MAL. Mais en même temps, tous les indicateurs montrent que le remaniement, c'est maintenant. Selon un sondage BVA, les Français sont 79% à souhaiter un remaniement ministériel et 69% à désirer un changement de premier ministre. En termes de communication politique, c'est une séquence qui se prépare en coulisses, entre deux réunions sous les plafonds lambrissés de l'Elysée. Et plutôt deux fois qu'une. En témoignent les visiteurs du soir de François Hollande qui ne donnent pas cher de la peau de Jean-Marc Ayrault depuis des quelques temps déjà.

1 Qui ?

Trois noms circulent depuis des semaines, voire des mois pour devenir calife à la place du calife Ayrault. Claude Bartolone, qui a très mollement défendu Jean-Marc Ayrault ces derniers jours, y pense tous les jours en se rasant. Laurent Fabius, gage de sérieux et d'expérience, grimpe dans les sondages. Il est aussi anti-thèse du renouveau -quand même, quand même-. Manuel Valls reste le plus populaire : toutefois, pas sûr que François Hollande n'ait envie de s'adjoindre les services d'un potentiel rival. Allez, on peut avancer un quatrième nom : celui de Michel Sapin. L'ami de toujours, toutefois plombé par les mauvais chiffres du chômage. Le choix d'un premier ministre, c'est aussi une action de communication en soi. Et ça François Hollande le sait, assurément.

2 Quand ?

"Timing is everything" en communication sans doute plus qu'ailleurs. Impossible de remanier le gouvernement cette semaine, évidemment, l'heure est à la mobilisation des forces en présence avant le second tour. En revanche, dans un an, il sera définitivement trop tard : conserver Ayrault à son poste pour ensuite préparer en deux ans 2017 ne semble pas être un pari judicieux. Les expériences passées -Maurois puis Raffarin- montrent que trop tarder n'est jamais une option souhaitable. Non, le changement aura lieu début avril, avant l'intervention de la France à Bruxelles et les élections européennes pour miser sur le sursaut.

3 Comment ?

Hors de question de jouer aux chaises musicales pour faire croire à la nouveauté. L'état de défiance de l'opinion est tel, qu'on verrait des milliers de boucliers se lever partout en France. Non, si changement il y a, il doit être visible, clair et précis. Il faut que les Français entendent clairement "je vous ai compris". Et à ce titre, je parie sur une redéfinition plus limpide des ministères et le come back de Ségolène Royal. Oui, Ségolène Royal. En politique, on ne meurt jamais. On disparait quelques années, tout au plus. On opte pour la stratégie de la rareté. Le meilleur cas d'école : Alain Juppé.

4 Pour faire quoi ?

Barre à gauche ou poursuite de la politique actuelle ? Une chose est sûre, les militants de gauche ne décolèrent pas et attendent avec une impatience exacerbée qu'enfin François Hollande réalise le programme pour lequel ils l'ont élu. A ce titre, ils plébiscitent un retour de Martine Aubry aux affaires. Le discours du Bourget sonne pour eux comme une trahison dont ils ne se remettent pas. Sur le terrain, le mariage pour tous, immense avancée sociétale s'il en est, ne fait pas le poids face à la détresse économique de beaucoup de Français. D'un autre côté, un revirement à gauche serait pris pour de la fébrilité de la part du Président, lui qui avait tracé son sillon contre vents et marées.

Anne-Claire Ruel

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