Les voeux de François Hollande : la leçon de com' de Gaspard Gantzer

Une famille regarde à la télévision les vœux du président de la République, François Hollande, le 31 décembre 2013, à Rennes (Ille-et-Vilaine). (DAMIEN MEYER / AFP)

Autant vous le dire tout de suite sans tergiverser, je trouve que Gaspard Gantzer est l'un des communicants les plus doués de sa génération et qu'il réalise un boulot loin d'être de tout repos auprès du président de la République. Force est de constater qu'en quelques mois, celui qu'on réduit un peu trop facilement à un ancien énarque de la promotion Senghor, remporte peu à peu son pari : convertir patiemment François Hollande à la com', lui qui pensait pouvoir contrôler son image seul. Ok, les critiques fusent de tous les côtés, néanmoins, une légère évolution d'image est perceptible. A l'approche de la diffusion des voeux enregistrés cet après-midi, Gaspard Gantzer sera une fois de plus aux manettes. Voici les trois règles d’or qu'il devra respecter pour ce type d'intervention.

1 Préparer les lieux et verrouiller avec soin le déroulé

S’il y a une chose que les communicants détestent, c’est l’imprévu. Gardiens farouches de l’image de leur "client", leur rôle consiste à sélectionner, orchestrer et trancher pour s’assurer que rien, ni personne, ne puisse bousculer la stratégie qu’ils ont mis des mois à établir. L'objectif de l'intervention de ce soir ? Montrer un "Président au travail", combatif, posté derrière son bureau. "Le souhait du président de la République était de changer par rapport aux autres années et d'être au travail dans son bureau" explique le réalisateur de l'émission Jérôme Revon. Derrière lui des techniciens s'affairent pour monter les projecteurs et régler tous les détails de la mise en scène. "Le problème, c'est qu'on va aller nous reprocher l'horloge, un livre. Il y a des émissions qui vont faire des zooms sur la montre, donc on essaye de faire attention à ça pour que l'on se concentre sur le fond, et pas du tout sur la forme. Il faut oublier la forme simplement passer le message qu'on est dans le bureau du Président qui travaille pour les fêtes". Certes, le fond doit primer, mais les communicants accordent un soin tout particulier au décor. Une fois passée la retransmission, seules quelques secondes seront diffusées dans les différents JT et sur les chaînes d'information continue pour être décryptées. C’est donc l'arrière-plan qui va frapper l’inconscient des récepteurs et signifier visuellement la stature d'homme d'Etat de François Hollande.

2Blinder le fond et répéter

De son côté, le Président, acteur principal de la pièce à venir, devra répéter son intervention avec son conseiller. Tout comme Churchill se pliait à l'exercice afin de faciliter ses prises de parole, lui qui était bègue. Une phrase maladroite et c'est immédiatement un précédent en politique. Une situation à impérativement éviter. D'ores et déjà, les médias spéculent sur les annonces qui seront prononcées lors de son intervention : bilan des réformes engagées et annonces à venir ? Retour sur l'actualité de l'année et notamment les drames des jours écoulés ? Les paris sont lancés. Pourtant, ces interrogations ne sont que celles des commentateurs. Les Français veulent, d'abord et avant tout, comprendre ce qu'il se passe, savoir si François Hollande est sûr de lui, s'il sait où il va -et où donc nous allons- et s'il peut nous annoncer quand il y aura des résultats. 

3Live-tweeter et surveiller les premières réactions 

Les journalistes politiques et autres commentateurs de tout bord ne manqueront pas de live-tweeter l'intervention pour faire part de leurs analyses à chaud. J'imagine qu'en bon communicant, Gaspard Gantzer publiera depuis le compte Twitter de l'Elysée pour accompagner la parole présidentielle sur les réseaux. En observant ce qu'il se dit en temps réel lorsque vous êtes communicant, non seulement, vous pouvez prendre le pouls de ceux qui vont colorer l'opinion les prochains jours, mais également préparer vos éléments de langage pour gagner un peu de temps sur l'agenda médiatique et les critiques qui ne manqueront pas d'être formulées. Sioux.

Et oui, de toute façon Gaspard, vous le savez mieux que moi, vous ne couperez pas aux détournements qui seront légion. Et puis vous le savez, ce n'est pas une cravate bien nouée ou voeux bien ficelés qui vont changer fondamentalement la perception des Français.

Anne-Claire Ruel

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