A l'heure où nos soldats s'apprêtent à lancer de nouvelles frappes aériennes sur toute la zone de conflit, Manuel Valls défend devant les parlementaires attentifs l'engagement militaire français en Irak. En France, la tension est palpable et la menace réelle. Si la Nation entière est engagée derrière ses hommes, les mots prononcés ne résonnent pas pour tous avec la même acuité. Directement concernées, les familles des appelés au combat vivent dans l'attente du retour de leur fils, leur soeur ou leur mari. Aujourd'hui, les réseaux sociaux leur offrent la possibilité de rester en contact, et ce, y compris lors d'opérations extérieures. Mais, lorsqu'ils postent des photos, des vidéos, des informations relatives à une opération, les soldats risquent potentiellement leur vie et celle de leur unité. Des principes de sécurité en termes de communication doivent impérativement s'imposer. Alors comment faire bon usage des réseaux sociaux en temps de guerre pour les militaires ? Le point sur la question.
Les réseaux sociaux, ces bombes à retardement
Géolocalisation, dates et lieux précis, arrière-plans des photographies et autres vidéos, paramètres de confidentialité sur les réseaux sont autant de bombes à retardement. Afin de sensibiliser et responsabiliser les combattants et leurs proches, le ministère de la Défense a mis au point un guide du bon usage des médias sociaux disponible sur son site. L'objectif ? Remédier à tout grave manquement en matière de sécurité et empêcher toute divulgation d'informations confidentielles, relatives aux opérations, mettant en péril la sécurité des activités. A l'ère de l'Internet mondial, d'Instagram, de Facebook, Vine et autre Twitter, de simple statuts, photos ou vidéos peuvent parfois contenir des informations stratégiques pour qui peut les lire. Le web est devenu le lieu de prédilection de veille active. Réseaux sociaux, blogs, forums, sites personnels sont autant de mines de renseignements pour les ennemis de la Nation. La vitesse de propagation de l'information empêche toute opération de "containment". C'est en amont, et donc en sensibilisant un à un les soldats, que la Défense compte endiguer ce danger. Faisant montre de pédagogique, elle délivre inlassablement ses conseils avec précision :
- N'oubliez pas que les destinataires des informations que vous publiez ne sont pas tous bienveillants.
- Vérifier vos paramètres de confidentialités, vos profils sont souvent accessibles : limitez l'accessibilité de votre mur Facebook à vos amis; activez la fonction qui vous alerte en cas de taggage par une autre personne".
Respecter la sécurité en opération, une priorité absolue
Attentive, le Ministère veille au grain et entend bien que la Grande Muette le reste en plaçant sous surveillance les propos tenus par ses hommes. Les positions de bâtiments et les programmes opérationnels, le détail des déploiements ainsi que les possibles faiblesses du dispositif, les éventuels dommages et le moral des troupes sont autant de données ultra sensibles. Tout comme les dates de départs et de retour de mission des soldats. En opération, les noms des militaires ne doivent pas être communiqués : interdiction pour les bandes patronymiques d'être lisibles sur les photos. Parfois, ce sont les visages de personnes appartenant à certains services ou unités qui doivent être floutés en raison de la nature des missions menées. Hors de question également, qu'un militaire annonce sur Facebook son départ en opération avant même que cette information ne soit rendue publique. Cela est déjà arrivé. Ou bien encore de filmer les exactions et de divulguer ainsi par mégarde les caractéristiques chiffrées des caméras de tir. Récemment, des soldats russes ont été trahis par la géolocalisation de leurs selfies publiés sur Instagram les 5 et 6 juillet dernier, entraînant la crise diplomatique que l'on connaît. La carte de géolocalisation des photos indiquaient qu'elles avaient été prises ou postées... en Ukraine ! Le Kremlin démentait pourtant fermement y avoir déployé des unités militaires. Désordre. Pour pallier tout débordement, des cas concrets sont délivrés aux soldats dans les documents mis à leur disposition :
- Eviter les publications, statuts ou commentaires tels que : "Super ! Plus que 11 jours et 2 heures et vous serez à quai et je pourrai enfin te serrer dans mes bras", "Mon frère est déployé à xx, sur le camps xx, dans la ville de xx, en Afghanistan".
Il est là le danger. Non seulement les soldats doivent être sensibilisés, mais ils doivent aussi transmettre ces consignes élémentaires de sécurité à leurs proches. Et c'est bien là, la grande difficulté.
Anne-Claire Ruel
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