Coupe du Monde : les secrets de com' des Bleus

Mathieu Valbuena, Karim Benzema et Olivier Giroud, le 8 juin 2014, au stade Pierre-Mauroy de Villeneuve-d'Ascq (Nord). (PHILIPPE HUGUEN / AFP)

La Coupe du Monde, c'est maintenant. Les journalistes sportifs sont fin prêts. Francetv info aussi. Durant quelques semaines, les footballeurs français vont être placés sous le feu des projecteurs tout au long de la compétition. Pour l'ensemble du staff, hors de question de réitérer le fiasco Knysna lors de la Coupe du Monde de 2010, marquée par la désastreuse grève des joueurs sur fond de propos injurieux d'Anelka. Lors d'un tel événement planétaire, la communication ne s'improvise pas. Retour sur la stratégie de com' des Bleus.

1 Règle n°1 : la Coupe du Monde, joue-la com' Deschamps

Derrière son léger accent et le ton monocorde de ses interventions, Didier Deschamps est un entraîneur rompu aux forêts de micros. En bon milieu de terrain, il analyse le jeu pour verrouiller un maximum ses interventions lors des conférences de presse et interviews. Pas de place aux débordements. Tout est maîtrisé. Sens de la répartie et self-contrôle sont les maîtres mots de ses prises de paroles, extrêmement calibrées de l'aveu de tous. L'opération "reconquête de l'opinion", c'est lui qui doit l'orchestrer. Et pour ce faire, notre entraîneur hexagonal ne mise pas sur les réseaux sociaux : ni compte Facebook, ni compte Twitter, et encore moins de photos sur Instagram. Le ton est donné. La vigilance est de mise.

2Règle n°2 : tweeter oui, mais avec modération

Si tweeter pendant la Coupe du Monde n'est pas interdit par la Fédération Française de Football, Didier Deschamps, lui-même victime des propos tenus par la petite amie de Samir Nasri sur Twitter, a multiplié les appels à la mesure auprès de ses joueurs afin de ne pas mettre « en péril l’intimité du groupe ». Il faut dire que sur les 23 sélectionnés, 18 joueurs ont un compte Twitter officiel : autant de possibilités de dérapages non-contrôlés. Personne ne vous le dira officiellement, mais d'ores et déjà les comptes Twitter et Facebook des joueurs sont placés sous surveillance, comme ce fut d'ailleurs le cas pour les athlètes participants aux Jeux Olympiques. Car gérer la communication lors d'un événement mondial, c'est l'appréhender sous forme de communication de crise. Affaire de dopage, pétage de plombs d'un joueur en direct... Tous les risques avérés ou potentiels doivent être anticipés pour gagner du temps et gérer au mieux la pression.

3 Règle n°3 : utiliser les selfies et les playlists pour redorer son blason

Pour maîtriser la communication, rien de tel que d'avoir recours aux bons vieux selfies. Evidemment, ces images prises dans l'avion n'ont rien de spontané. L'intention ? Donner à voir l'ambiance conviviale et bon enfant qui règne dans les rangs. La Fédération Française de Football a bien compris qu'en diffusant des images exclusives des Bleus sur les réseaux sociaux, elle marque ainsi le tempo et impose son storytelling aux médias. Idem lorsqu'elle décide de révéler les playlists de ses joueurs. Objectif : proximité avec les supporters !

4 Règle n°4 : s'appuyer sur la com' de son équipementier pour médiatiser ses valeurs d'audace et de courage

A la veille du Mondial 2014, Nike, nouveau sponsor de l'Equipe de France, a dévoilé son petit film d'animation aussitôt posté sur la page Facebook de l'Equipe de France. Le moins qu'on puisse dire, c'est qu'il est plutôt réussi. Il pourrait être en passe de faire oublier le coup de com' d'Adidas : l'équipementier avait fait détruire une réplique du bus des Bleus, symbole de la fronde des joueurs lors de la Coupe du Monde d'Afrique du Sud. Dernier venu d'une trilogie, ce spot intitulé « The Last Game », qui peut aisément être élevé au rang d'oeuvre cinématographique, met en scène les plus grands joueurs de la planète - parmi lesquels Cristiano Ronaldo, Neymar Júnior ou bien encore Zlatan - s'alliant sous la coupe du brésilien Ronaldo pour défendre l'esprit et les valeurs du football : l'audace et la prise de risque.

5 Règle n° 5 : progresser, c'est changer d'erreur

Parce que la communication n'est jamais figée et soumise à l'actualité, les soubresauts et autres turbulences ne manqueront pas de survenir à l'image de Karim Benzema, filmé penché sur son portable pendant le match France-Paraguay qui avait fait un peu de bruit sur les réseaux sociaux et contraint le joueur à s'expliquer. Gageons que la Fédération Française de Football en a conscience. Sa communication, plus professionnelle, donne déjà les signes d'un net changement sans doute portée par l'écrasante victoire des Bleus face à la Jamaïque qui lui a permis de gagner en popularité. Mais n'oublions pas que la perfection n'existe pas. Jamais. Et puis après tout, progresser, c'est ni plus ni moins changer d'erreur.

Anne-Claire Ruel

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