Après avoir été relativement épargnée, à quelques jours des européennes, l'heure est aux "affaires" et aux règlements de compte côté UMP. Détournement de fonds de sénateurs en pleine guerre Raffarin-Larcher, affaire Bygmalion avec son lot de surfacturations et puis aussi Nicolas Sarkozy dont l'ombre plane comme un vautour autour d'un défunt parti... Folle ambiance à la buvette de l'Assemblée et du Sénat. Les couteaux sont de sortie. Les quolibets aussi. Alors même qu'elle pourrait prendre l'ascendant dans un contexte de mécontentement, l'UMP n'en profite pas. Pire, elle s'éteint. Retour sur les faisceaux de communication qui annoncent son déclin.
Jean-François Copé et son absence totale de stratégie de communication
"Affaire Bygmalion : Copé s'indigne puis s'interroge", "Les 5 lignes de défense de Jean-François Copé"... Certes, des éléments de langage sont distillés dans la presse à la veille de la "grande explication" à venir, il n'en demeure pas moins que depuis le début de cette affaire, la communication du Président de l'UMP frôle l'amateurisme. Aucune stratégie, aucun bon sens. Rien. Il gère au coup par coup. Quasiment heure par heure. Lors de sa conférence du 3 mars, il s'en était ainsi pris violemment à la presse. Son objectif ? Pratiquer la stratégie de la terre brûlée en évoquant la "chasse à l'homme" dont il ferait selon lui l'objet. Tactique de courte durée puisqu'il a émis ses premiers doutes sur le sujet. Lâché de toutes parts par les ténors, d'Alain Juppé à François Baroin, en passant par Valérie Pécresse ou Lionel Tardy sans compter François Fillon, l'étau se ressert autour de lui. Il le sait. Et use de ses armes : s'il tombe, il compte bien emporter avec lui dans sa chute Nicolas Sarkozy en sous-entendant que les 20 millions d'euros réglés par l'UMP à Bygmalion auraient pu dissimuler des dépassements de frais de la campagne présidentielle, plafonnés officiellement à 22,5 millions d'euros.
Nicolas Sarkozy et sa volonté de pulvériser ce "machin" qu'est l'UMP
Nicolas Sarkozy de son côté bat la campagne depuis un moment déjà. Jeudi 22 mai, il recevait ainsi à déjeuner de jeunes maires fraîchement élus qui ont pu jauger son envie dévorante et sa faim intacte, voire même décuplée. Cela n'est une surprise pour personne, il pilonne à boulets rouges l'UMP qu'il a rebaptisé ce "machin", comme autrefois De Gaulle raillait l'ONU. Stratégie de communication, évidemment : ces faux-off ont vocation d'être colportés. Cela lui permet de tester l'opinion sur une possible disparition de l'UMP, ce parti créé aux dimensions d'Alain Juppé, conquis puis abandonné par Nicolas Sarkozy. Après tout, François Fillon, n'y tient pas plus que cela non plus. Il s'est exprimé sur la question en des termes qui laissent peu de place au doute :
"Il y a une famille politique qui préexistait à l'UMP, et qui continuera de s'exprimer (...). Cela correspond à la droite humaniste. Le reste, ce sont des structures, et les structures, elles peuvent évoluer, elles peuvent changer. Ce courant, cette famille politique, elle restera, et heureusement, car elle correspond à une aspiration majoritaire dans la société française".
Hormis Copé, qui pourrait avoir intérêt à la pérennité de ce parti ? En coulisse, les grandes manoeuvres ont commencé. Certes, il s'agit d'une "marque" identifiée par les électeurs. Les sénateurs UMP -plus qu'exaspérés- y tiennent à l'approche des sénatoriales de septembre. Mais toutes les marques ne sont-elles pas amenées à évoluer ? Quand on y réfléchit, Nicolas Sarkozy a un boulevard devant lui. Copé et Fillon ne semblent plus dans la course depuis le psychodrame de la bataille pour la présidence de l'UMP. Comme toujours, Alain Juppé hésite, s'interroge, regarde d'un oeil les sondages. Personne à droite ne donne cher de son envie de s'imposer. Quant aux jeunes loups, ils sont trop jeunes justement. La nouvelle garde attendra. La droite, déboussolée et privée de leader éclairé, ne propose rien. Elle assiste, passive et aphone, au spectacle qui se joue devant elle : finalement, le gouvernement réalise tout ce qu'elle a toujours voulu mettre en place, sans jamais l'oser. Les clivages idéologiques disparaissent. L'opposition n'est plus que formelle. Tout le monde évoque à grand bruit l'explication de Copé devant le bureau politique de mardi, mais c'est bien de la survie de l'UMP qu'il s'agit.
Dans un contexte d'extrême défiance envers les politiques, à l'aube des élections européennes, qui promettent une abstention record, c'est l'ensemble des partis qui pourraient d'ailleurs s'interroger. Les partis sont morts et enterrés. Combien de temps mettront-ils encore à le réaliser ?
Anne-Claire Ruel
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