Les policiers n'ont toujours pas identifié les principaux responsables de l'attentat contre une épicerie casher de Sarcelles commis en septembre dernier. Même s'ils semblent avoir mis la main sur les leaders, ils ne savent toujours pas qui sont les deux hommes qui ont jeté la grenade! C'est pourquoi l'enquête est loin d'être terminée. D'ailleurs un suspect vient d'être déféré au Parquet antitrroriste pour être mis en examen pour association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste.
Il vient de terminer quatre jours de garde à vue dans les locaux de la Direction centrale du renseignement (DCRI). Cet islamiste de 25 ans a le même profil que les autres membres du groupe interpellés en octobre: Il s'est récemment converti à l’islam et s'est rapidement radicalisé. Jusque là connu des services de police pour des faits mineurs (conduite sans permis…), lui aussi appartiendrait à la cellule terroriste.
Les enquêteurs de la DCRI l’ont arrêté lundi chez lui à Torcy en Seine et Marne. Tout comme son propre frère l’a été en octobre dernier avec plusieurs de ses camarades. A son domicile, les enquêteurs n'ont découvert que de la documentation radicale, mais ils sont convaincus que le jeune homme ne leurs a pas tout dit de ce qu’il savait des activités de son groupe.
Les poseurs de la bombe toujours pas identifiés
Les policiers sont aujourd’hui sur les dents car ils n'ont toujours pas identifié les deux hommes présents sur les lieux de l’attentat. Les auditions des douze suspects arrêtés entre Torcy, Cannes et Strasbourg, n’ont en effet pas permis de le déterminer. Les auteurs de l’explosion sont-ils parmi les huit mis en examen ? Ou courent-ils toujours ?
Vu la détermination de ces jeunes radicalisés, cette dernière hypothèse est particulièrement inquiétante et pourtant elle est celle privilégiée par la DCRI. On se souvient du boxe découvert à Torcy et aménagé comme un atelier de fabrication de bombes. C’est là que la grenade de Sarcelles avait été confectionné (un miracle si elle n’a pas fait plus de victimes!). Visiblement, les terroristes avaient programmé d’autres attentats : des kilos de poudres noires et de composants électroniques ont été entreposés dans le local.
Pour l’instant, les autres membres du groupes ont tous été entendus plusieurs jours par les policiers puis par les magistrats antiterroristes (deux d'entre eux sont mis en examen pour complicité d’assassinat, sept pour association de malfaiteurs). Si certains d’entre eux, apparemment les moins impliqués ont répondu en partie aux questions des enquêteurs, les autres ne sont pas plus bavards. Notamment les deux leaders du groupe: Jérémie Louis-Sydney, tué lors de son interpellation à Strasbourg, et Jérémy Bailly.
Tous radicalisés récemment
Jérémy Louis-Sydney , 33 ans, était le plus âgé d'entre eux et apparemment l’un des plus motivé. C’est son ADN qui a été retrouvé sur la grenade. Il l’aurait manipulé, peut être fabriqué mais apparement pas déposé. Né à Meaux en 1979, il partageait sa vie entre entre la Côte d'Azur et Cannes, Strasbourg et la Seine-et-Marne. Polygame, il avait eu cinq enfants de trois femmes différentes et son ex-amie cannoise est enceinte de sept mois (elle venait de le quitter ayant appris sa « triple vie »…). Converti à l’islam depuis quelques années, il était apparemment très convaincant car c’est lui qui serait parvenu à recruter la plupart des membres de son groupe.
Selon les policiers, il ne faut pas minimiser le rôle de Jérémy Bailly, 25 ans. Il a été arrêté chez lui à Torcy, en pleine rue alors qu’il rentrait de la prière. Sur lui : Un pistolet 22 long rifle. Jérémy BaiIly a un passé judiciaire : Deux ans de prison en 2008 pour trafic de stupéfiants.
Les autres membres du groupe sont des français âgés de 19 à 25 ans, aux profils similaires : La plupart sont des petits délinquants condamnés pour des affaires de droit commun (vol, violences ou trafic de drogue) qui se sont radicalisés apparemment sous l’influence des deux leaders du groupe.
Des résultats ADN encore attendus
Les enquêteurs ont donc la certitude de ne pas être parvenus à interpeller l’ensemble des membres de la cellule . Ils attendent encore des résultats de l’analyse des centaines de traces ADN retrouvées dans le boxe où était fabriqués les engins explosifs. Mais aussi des résultats des analyses des appels passés dans les jours qui ont précédés et suivis les attentats.