Dans le camp des anti-Obama, il n'y a pas que des businessmen aux cheveux sagement lissés en arrière comme Mitt Romney. Je vais vous en parler tout le temps, autant vous les présenter tout de suite : voici les cinq grandes composantes de l'électorat républicain.
Elles sont positionnées sur le graphique ci-dessous en fonction de leur conservatisme plus ou moins fort sur les sujets économiques et de société. Certains sont plutôt des socio-conservateurs : souvent religieux, ils veulent préserver la famille traditionnelle et s'opposent à l'avortement ou encore au mariage gay. D'autres votent républicain avant tout parce qu'ils défendent une position plus libérale que celle de Barack Obama sur la gestion économique du pays : ils veulent moins d'impôts, moins de régulation, qui entrave selon eux l'économie américaine. Bien sûr, certains électeurs appartiennent à plusieurs de ces catégories, et tous ne rentrent pas dans l'une ou l'autre de ces cases : il s'agit d'un découpage simplifié de l'électorat.
Le mouvement du Tea Party regroupe des électeurs fiscalement très conservateurs qui ont en horreur l'ingérence du gouvernement dans leur vie, surtout lorsqu'il s'agit de payer des impôts. Leur leitmotiv peut se résumer par « moins d’impôts, moins de gouvernement ». Affiliés aux libertariens en termes de doctrine économique, ils se distinguent par leur virulence. Ils adorent se réunir en rallyes pour dénoncer le socialisme rampant d'Obama et brandir des pancartes aux couleurs de Sarah Palin et Michele Bachmann, égéries du mouvement. Leur soutien a été crucial dans l'ascension du candidat républicain à la vice-présidence Paul Ryan ou encore du sénateur de Floride Marco Rubio, qui affichent désormais leurs sourires ultra-bright au premier rang de l'establishment républicain.
Si affiliation religieuse et orientation politique ne sont théoriquement pas synonymes, le vote évangélique est devenu ces dernières années une composante à part entière du vote conservateur. La moitié des électeurs républicains se considèrent comme des chrétiens « born-again », ayant expérimenté une conversion personnelle à la foi chrétienne. Les sujets tels que l’avortement et le mariage homosexuel pèsent pour beaucoup dans le choix de leur candidat. Le candidat aux primaires républicaines Rick Santorum était incontestablement leur favori, mais ils ont un lot de consolation avec Paul Ryan, catholique pratiquant opposé à l'avortement en toutes circonstances.
Si, si, les républicains modérés existent. Beaucoup d’élus en poste dans des régions à majorité démocrate comme le Nord-Est ou la côte ouest appartiennent à cette catégorie. Ils rejettent les points ultra-conservateurs sur les sujets de société de l’aile droite du parti et défendent un point de vue centriste sur certains sujets comme l’éducation, l’environnement ou la santé. Mais le contexte actuel en fait une espèce dangereusement menacée : récemment, la sénatrice modérée du Maine Olympia Snowe a ainsi jeté l'éponge après 23 ans de Congrès, écœurée par l'ambiance dans son parti.
Résolument conservatrice sans être incendiaire, une bonne partie de l’électorat traditionnel républicain se définit avant tout par sa foi dans la doctrine libérale sur le plan économique. Blancs, plutôt aisés, très présents dans le monde des affaires, ils s’opposent aux règlementations mises en place par Barack Obama dans le secteur de l’environnement, de l’énergie ou de la finance, mais la défense des valeurs traditionnelles sur le plan social ou religieux n’est pas au premier plan de leurs préoccupations politiques. Mitt Romney, avec son passé de businessman bon teint, appartient de plein droit à cette catégorie.
Regroupés dans un parti politique à part entière mais traditionnellement proches du Parti républicain, les libertariens sont une petite curiosité de la politique américaine. Ils prônent une sorte de libéralisme extrême sur le plan économique, avec une ingérence minimale de l’Etat. Ils ont en revanche un point de vue très libéral sur les problématiques de société : ils défendent le mariage gay, le droit à l’avortement ou encore la légalisation du cannabis au nom des libertés individuelles. A 77 ans, le Texan Ron Paul, leur chef de file, mobilise des foules de jeunes enthousiastes à faire pâlir d'envie tous ses rivaux. Son fils Rand Paul, déjà sénateur, parlera à la convention républicaine.