Au FN, c’est la « semaine de promotion » du Collectif Nouvelle écologie, lancé en décembre 2014. Ses travaux sont fondés sur deux axes : le développement économique et le respect de la nature et de l’environnement avec un mot d’ordre : « pour une écologie patriote ».
Le collectif revendique plus de trois cents membres, une dizaine d’antennes locales « pleinement actives ». Il s’inscrit dans un « patriotisme économique » et un « protectionnisme intelligent » qui s’engagent à produire et consommer sur place. « Face à la recrudescence des productions de masse et de mauvaise qualité », explique Florian Philippot, le « Colbertisme vert se pose en véritable alternative ». Pour le parti de Marine Le Pen, le modèle économique actuel n’est pas viable, que ce soient en matière sociale, d’emploi ou pour la planète.
L'écologie « nationale » aux temps du père
Le FN s’est déjà penché sur ce sujet. En 1990, le Congrès de Nice (30 mars – 1er avril) s’illustre, pour la première fois, par la prise en compte de l’écologie dans le programme du parti. Son intitulé donne le ton : « La France au pouvoir ». Pour être davantage crédible, le parti de Jean-Marie Le Pen envisage donc l’avenir en proposant de nouvelles thématiques dont celles de l’écologie et du social. Le FN entend démontrer, « à partir de ces deux thèmes clés, qu’il est prêt à régler d’autres problèmes que l’immigration ». L’écologie « nationale » est « une préoccupation qui s’inscrit dans la défense de notre identité (...). Vouloir la sauvegarde des sites naturels, la préservation de notre patrimoine, la survie de la faune et de la flore, la qualité de l’eau et de l’air, c’est au fond défendre ce que nous sommes, en tant que nation enracinée sur un territoire. Et lorsque nous défendons l’intégrité française, nous ne faisons rien d’autre que de défendre l’écologie ethnique et culturelle de notre peuple et en cela nous sommes dans le droit-fil de la démarche écologique : la préservation des milieux nécessaires à la survie et au développement des espèces. (...) Pour survivre, les espèces animales ne se mélangent pas et la plupart ont un territoire qu’elles défendent ».
Dans un colloque sur l’écologie organisé par Jean-Marie Le Chevallier à Saint-Raphaël à l’automne 1991, Bruno Mégret parle de l’écologie en ces termes :
« L’écologie véritable va de pair avec la défense de l’identité et pose comme essentielle la préservation du milieu ethnique, culturel et naturel des peuples (...). Nous ne voulons pas être les mammouths ou les pandas de l’espèce humaine. Pourquoi se battre pour la préservation des espèces animales et accepter dans le même temps le principe de disparition des races humaines par métissage généralisé ? »
La production graphique du FN des années 1990 sur cette thématique est également intéressante. Certes, certaines affichent optent pour le classicisme :
D'autres sur l'agriculture, imprimées par l'Atelier de Propagande du FN, sont plus étonnantes. Les modèles « choisis » ont de quoi surprendre. On y découvre des visages crayonnés qui ressemblent aux acteurs américains Alec Baldwin et Tom Selleck... utilisés pour transmettre au monde rural un slogan à la fois nationaliste et, pourquoi pas, moderne. Il est fort à parier que ces deux acteurs, transformés en icônes frontistes, n’ont pas été au courant de cette subtilisation.
Aujourd’hui, le FN compte sept collectifs, présentés comme des « laboratoires d'idées ». Philippe Murer - qui avait notamment cosigné, avec Jacques Sapir, une brochure de la fondation Res publica de Jean-Pierre Chevènement sur Les scénarii de la dissolution de l’euro - préside cette structure. Il a rejoint le FN au printemps 2014 comme conseiller économique.
Comités, associations, cercles, syndicats et collectifs... la dénomination change mais la stratégie perdure. Quasiment depuis son apparition dans le paysage politique français, le FN a adopté cette stratégie de représentation et de visibilité. Ces structures, pour certaines des coquilles vides, regroupent quelques personnes « spécialisées » suivies, logiquement, de membres intéressés par la thématique proposée. Dès les années 1970, Jean-Marie Le Pen et Victor Barthélemy (secrétaire du FN de 1975 à 1978) avaient la même approche : « Pour durer, il faut faire comme les grands, même si l’on est tout petit ! »
Le 5 mai 1974, le FN avait obtenu au premier tour de la présidentielle 0,74% des voix. Et le nombre d'adhérents se comptait en moins de trois petites centaines.