Le journalisme, détesté depuis trois bons siècles

Déjà soumis aux critiques récurrentes des responsables politiques, médias et journalistes ont pu mesurer le degré de détestation auxquels ils font face à l’occasion des mouvements sociaux en cours. En ligne, l’injure est quotidienne. Sur le terrain, on ne compte plus les accrochages verbaux et parfois physiques entre une partie des manifestants et les reporters des radios, de la presse ou des chaînes de télévision. Ça ne consolera guère les professionnels qui travaillent dans ces conditions, mais le phénomène n’est cela étant pas neuf – pire, il vient d’en haut. Bien avant les toujours élégants « merdias » et autres « journalopes », petit florilège des mots doux qu’auteurs, philosophes ou écrivains – et pas des moindres – adressaient aux journalistes.

Les médias, ça rend idiot

« Tous ces papiers sont la pâture des ignorants, la ressource de deux qui veulent parler et juger sans lire, le fléau et le dégoût de ceux qui travaillent. Ils n’ont jamais fait produire une bonne ligne à un bon esprit. »

Diderot, Journal, Journaliste, L’Encyclopédie, 1751-1772

 « La presse est une école d’abrutissement parce qu’elle dispense de penser. »

Gustave Flaubert, Lettre à George Sand, 8 septembre 1871

« Le journalisme rock, ce sont des gens incapables d’écrire, interviewant des gens incapables de parler, afin de produire des articles pour des gens incapables de lire. »

Frank Zappa, Mojo Magazine, 1993

D’ailleurs les journalistes sont des incapables et des malpolis

« D’abord le grand fléau qui nous rend tous malades,

Le seigneur Journalisme et ses pantalonnades,

Ce droit quotidien qu’un sot a de berner

Trois ou quatre milliers de sots, à déjeuner. »

Alfred de Musset, Sur la paresse, 1850

« Ne pas avoir d'idées et savoir les exprimer : c'est ce qui fait le journaliste. »

Karl Kraus, Aphorismes, 1909

« Il est de mauvais goût d'écrire à mon sujet en me désignant par mon prénom. Obéir à un rappel du public qui crie votre prénom est un grand compliment. Être ainsi nommé dans un article relève des mauvaises manières. Mais les mauvaises manières font le journaliste. »

Oscar Wilde, Saint James Gazette, janvier 1895

« Ces journalistes venimeux qui vous insultent, vous diffament - il ne suffit pas qu'on les lise. Il convient encore qu'on ait vu les gueules dont ils sont pourvus. Ça renseigne et ça tranquillise. »

Sacha Guitry, Toutes réflexions faites, 1947

 

De toute façon, ils ne savent que mentir

« On ne peut plus rien croire de ce que l'on peut lire dans un journal. La vérité elle-même devient suspecte lorsqu’on la place dans ce véhicule pollué. »

Thomas Jefferson, Lettre à John Norvell, 1807

« Nous vivons à une époque où beaucoup d’individus assez cultivés estiment que la vérité ne mérite aucun respect particulier. Chacun sait, bien entendu, que cette attitude cavalière est plus ou moins endémique chez les journalistes et les politiciens, deux catégories humaines dont les membres se complaisent dans la production de baratin, de mensonges et de toutes les formes d’escroquerie et d’imposture à leur disposition. »

Harry G. Frankfurt, De la vérité, 2008

Bref, une bande de vendus sans âme

« Tout faiseur de journaux doit tribut au Malin. »

Jean de La Fontaine, Lettre à M. Simon de Troyes, 1686

« La presse, il le faut avouer, est devenue un des fléaux de la société, et un brigandage intolérable. »

Voltaire, Lettre à un membre de l'Académie de Berlin, 1752

 « Il n’est pas possible de régler et de « moraliser » la presse (…). Par la complication croissante de son outillage, l’industrie du journal est entrée dans la période de la grande industrie. Elle a donc besoin pour vivre de grands capitaux, c’est-à-dire de ceux qui en disposent. [Les journaux] ne sont donc plus, dans l’ensemble, que des outils aux mains du capital. »

Jean Jaurès, 1897

« Dans la presse et dans l’armée, c’est un ramassis d’internationaux, de rastaquouères et de traîtres, mâtinés de Cosaques et bâtards de Uhlans. »

Urbain Gohier, L’Armée contre la Nation, 1899

« Partout où il y a des capitalistes, la liberté de la presse signifie la liberté d’acheter des journaux, d’acheter des écrivains, de corrompre, d’acheter et de fausser l’opinion publique au profit de la bourgeoisie. C’est un fait. Personne ne sera jamais en mesure de le réfuter. »

Lénine, Lettre à Miasnikov, 1921

Et écœurants avec ça

« Je déplore avec vous l'état putride dans lequel se sont mis nos journaux ainsi que la malignité, la vulgarité et l'esprit mensonger de ceux qui écrivent pour eux. »

Thomas Jefferson, Lettre à Walter Jones, 1814

« Toutes ces boutiques [les journaux] me donnent un tel vomissement que j’aime mieux m’en écarter. »

Gustave Flaubert, Lettre à George Sand, 1876

« Je ne comprends pas qu’on puisse toucher un journal sans une convulsion de dégoût. »

Baudelaire, Mon cœur mis à nu, 1887

« Le journalisme est le bubon de la littérature. »

Elémir Bourges, Le Mercure de France, 1927

« J’ai énormément appris sur la manière dont se mènent les affaires journalistiques, jusqu'à éprouver désormais un saint mépris pour le métier. Je pense pour ma part qu'il est fort dommage qu'un secteur potentiellement aussi dynamique soit entre les mains de nazes, de vauriens et de pisse-copies frappés de myopies et d'apathie, bouffis de satisfaction, généralement confits dans un marais de médiocrité stagnante. »

Hunter S. Thompson, Lettre à Jack Scott, 1958

On ferait mieux de les contrôler de près

« Seuls les ministres savent distinguer les choses qui doivent être tues et celles qu’il faut donner au public »

Cardinal de Richelieu

« Quant aux gazetiers, c’est presque un mal sans remède. Il n’y a pas longtemps qu’on a encore mis à la Bastille une douzaine tout en un coup et cela ne les rend pas plus sages… »

Louis II de Bourbon-Condé, dit Le Grand Condé, Lettre à Louis XIV, 1661

« On tuera la presse comme on tue un peuple, en lui donnant la liberté. »

Balzac, Monographie de la presse parisienne, 1842

« Il existe des lois pour protéger la liberté d'expression de la presse, mais aucune d'entre elles ne vaut rien pour protéger le peuple de la presse. »

Mark Twain, License of the press, 1873

Voire de les coller contre un mur

« On a dit beaucoup trop de mal de la télévision alors qu'on aurait dû lui en faire, en fusillant par exemple l'ensemble de ses journalistes et de ses animateurs. Ça pour commencer. »

Michel-Georges Micberth, La Lettre, 1986

 

 

Publié par jcpiot / Catégories : Actu