Les aigles chasseurs de drones, héritiers d’une longue tradition d’animaux-soldats

 

eléphant de guerre

On pourrait croire à un poisson d’avril, mais c’est très sérieux : l’armée française forme des aigles à l’interception de drones. Capables de les repérer puis de les bloquer dans leurs serres avant de se poser quelques mètres plus loin, les rapaces sont paraît-il parfaitement adapté aux risques propres au milieu urbain. En attendant le jour où un aigle royal viendra fièrement se poser sur votre balcon avec un drone dans le bec, retour sur trois espèces déjà enrôlées par les militaires dans le passé.

Les éléphants d'Hannibal

C’est des épisodes les plus connus des guerres puniques qui opposèrent Rome et Carthage dans l’Antiquité : en 218, Hannibal parvient à déplacer de Gaule en Italie plusieurs dizaines de milliers d’hommes, en passant par les Alpes. Si l’exploit tactique et logistique est resté dans les mémoires, c’est aussi parce le général carthaginois s’est débrouillé pour faire passer par les cols escarpés du massif alpin quelques dizaines… d’éléphants.

Et non seulement c’est possible, mais on l’a refait : en 2006, deux historiens allemands ont travaillé sur les aspects pratiques en en menant deux éléphants, accompagnés de quelques bœufs pour transporter leur fourrage. Ce qu’on ne ferait pas pour la science…

Reste que ce n’est pas pour le plaisir que le général punique s’est lancé dans l’aventure. Hannibal, comme bien d’autres généraux, utilisait sur le champ de bataille des éléphants dressés au combat. Cette utilisation allait au -delà d’un simple rôle de transport de marchandises pour faire de Dumbo et de ses copains de vrais petits chars d’assaut. Une jolie surprise pour les armées occidentales comme celle d’Alexandre le Grand, premier général d’Europe à avoir dû affronter des éléphants à Gaugamèles, une bataille qui l’opposait à l'armée perse de Darius III. Les bestiaux effrayèrent tant ses troupes que le général Macédonien dut organiser une cérémonie religieuse pour conjurer leur peur.

Plus tard, les Séleucides, eux, imaginèrent vers -300 de fixer de petites tours sur le dos des éléphants pour permettre à des archers de s’y loger. Pour la petite histoire, on utilisa des éléphants au combat jusqu’à la fin du 19e : le Siam et le Viêt Nam en utilisaient encore face aux troupes coloniales françaises jusqu’en 1893, équipés de petits… canons.

Quant à ceux qui passèrent les Alpes en 218, ils furent utilisés au cours de la bataille de la Trebbia, un affrontement remporté par le Carthaginois. 38 de ses éléphants, placés au centre de sa cavalerie, effrayèrent les chevaux romains. Un désastre pour Rome qui laisse 32 000 hommes dans la bataille contre 5000 pour Hannibal – mais la plupart des éléphants y laisseront leur peau, blessés et fragilisés par le froid de décembre.

D’après ce bon vieux Pline l’Ancien - parfois un poil sujet à caution tout de même - les Romains trouvèrent plus tard la parade : Ils auraient tout simplement foutu le feu à des cochons avant de les lancer au milieu des éléphants ennemis, effrayés par la horde de cochons enflammés qui leur seraient passées entre les jambes. Comme tout le monde, finalement.

Les chiens antitanks du camarade Staline

Âmes sensibles, s’abstenir : tous les animaux utilisés par l’armée ne sont pas censés s’en sortir. C’est particulièrement le cas des chiens dressés par l’armée soviétique pendant la seconde guerre mondiale.

Pour lutter contre les blindés allemands, l’Armée rouge dressa des chiens piégés à se glisser entre les chenilles des Panzer ennemis. Entraînés à aller chercher leur nourriture sous des carcasses de tanks, les malheureux étaient lâchés au front, équipé d’une sacoche truffée d’explosif. Lorsqu’ils passaient sous les chars – la partie la moins blindée de la machine, un détonateur se déclenchait, le plus souvent rudimentaire : une simple antenne ou un bâton de bois, abaissée lorsque le chien se glissait sous le véhicule.

Difficile de juger de l’efficacité réelle de ces chiens martyrs : les médias russes de l’époque ont affirmé qu’ils avaient pu détruire 300 blindés, la propagande allemande affirmant à l’inverse que ces armes se retournaient parfois contre des blindés russes victimes de leurs propres chiens, désorientés et effrayés par les combats. Reste que les tankistes allemands s’équipèrent de lance-flammes pour éliminer le premier chien qui traînait près de leurs blindés…

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Les chauves-souris de l’Oncle Sam

Comme décidément rien n’arrête l’imagination des stratèges américains, d’autres officiers imaginèrent pendant la Seconde guerre mondiale d’employer des bombes à chauves-souris.

Sur le papier, l’idée est relativement simple : larguer depuis un bombardier une série de bombes creuses comme celle qui figure ci-dessous, truffée de petites chauves-souris elles-mêmes équipées de petites bombes incendiaires de 28 grammes, mises au point par l’inventeur du napalm. Le bidule était censé s’ouvrir et libérer les bestioles affolées pour qu’elles aillent flanquer le feu aux toitures des bâtiments japonais, souvent composés de bois et de papier dans les grandes villes. Avec l’espoir de semer une pagaille monstrueuse et meurtrière dans la population civile… Le projet le plus abouti prévoyait même de larguer depuis dix bombardiers B24 un MILLION de chauve-souris sur les villes industrielles de la baie d’Osaka.

Bat_Bomb_Canister

"Alors, Batman, on fait moins le malin?"

Si l’idée semble tout droit sortie de l’esprit malade d’un scénariste de nanar de seconde zone, elle a bel et bien été testée à un stade très avancé. Mais tout ce que les Américains réussirent à incendier, ce fut… leur propre base de Carlsbad, au Nouveau-Mexique, lorsque quelques-unes de leurs bestioles martyrs s’échappèrent de leur laboratoire.

 

 

Publié par jcpiot / Catégories : Actu