Quelques petites choses que vous ignoriez peut-être sur la prison de la Santé

L’important, c’est de bien entretenir sa Santé. Et c’est bien le but de l’opération de rénovation de la célèbre prison parisienne décidée par l’administration pénitentiaire : de 2015 à 2019, la vénérable maison d’arrêt (147 ans aux prunes tout de même) sera entièrement rénovée, ce qui implique de commencer par la vider de ses pensionnaires – et c’est fait depuis ce matin, les 60 derniers détenus ayant été transférés vers une prison du Loiret. L'occasion de revenir sur quelques détails de l’histoire de cette prison emblématique.

Un beau casting

La Santé, c’est un peu la prison des stars. Récemment, Jérôme Kerviel, Samy Naceri, Joey Starr ou Booba ont eu l’honneur et l’avantage de rejoindre une longue liste de détenus célèbres parmi lesquels des criminels comme Jacques Mesrine ou Albert Spaggiari (« ni armes, ni violence et sans haine »), des hommes politiques comme Bernard Tapie Jean-Christophe Mitterrand, des collaborateurs comme Maurice Papon mais aussi des écrivains et des artistes : Léon Daudet, Guillaume Apollinaire, Jean Genet… Ou des résistants, pendant l’Occupation, comme Gabriel Péri. 18 de ses frères d’armes, plus anonymes, y furent également guillotinés ou fusillés. Enfin, certains personnages de fiction ont également eu le privilège de connaître la prison au cours de leurs vies de papier. Le plus célèbre d’entre eux ? Arsène Lupin (« Je suis de passage »).

La guillotine, c’est la Santé

On a guillotiné pas mal un peu partout en France et dans Paris, mais une bonne partie des peines capitales furent infligés à la Santé entre 1909 et 1972 – plus exactement devant, à l’angle du boulevard Arago et de la rue de la Santé, tant que les exécutions restèrent publiques. En juin 39, les exécutions publiques cessèrent pour des questions de troubles à l’ordre public : on ramena la guillotine à l’intérieur de la prison, dans la… cour d’honneur. C’est sous les grands dais noirs qu’on tendait sur la cour pour éviter que de petits dégourdis prennent des photos qu’on mit notamment fin à la sinistre existence du bon Dr Petiot, en 1946. C’est aussi là qu’on exécuta en novembre 1972 Roger Bontemps et Claude Buffet, célèbres pour avoir été défendus par un avocat de 44 ans, un certain Robert Badinter. Bontemps et Buffet furent les deux derniers guillotinés de la Santé.

On s’en évade très, mais alors très, très peu

En 147 ans d’existence, on compte seulement trois évasions réussies de la prison de la Santé, ce qui la classe parmi les établissements les plus sûrs du monde. En 1927, c’est le polémiste de l’Action Française Léon Daudet qui s'en évade 13 jours après son arrivée, mais le cher homme n’y est pas pour grand-chose : ce sont ses camarades qui l’en sortent au culot, par la grâce d’un faux ordre de libération assez bien fichu pour convaincre le directeur de laisser son pensionnaire sortir par la grande porte. Ce fut moins calme en 1978, quand Jacques Mesrine, François Besse et Carman Rives tentent la belle – le dernier y laissera la vie, abattu par les policiers. Moins sanglante, la dernière en date est au moins aussi spectaculaire : en mai 1986, le braqueur Michel Vaujour s'évade dans un… hélicoptère piloté par sa femme Nadine.

C’est la dernière prison de Paris

Eh oui. Alors que la capitale était naguère truffée de centres de détention (Bicêtre, le Châtelet, la Force, la Roquette, les Carmes… et la plus connue de toutes, la Bastille), la maison de d’arrêt de la Santé est désormais la dernière prison intra-muros de la capitale. Les prisons les plus proches sont à Nanterre, Versailles, Villepinte, Poissy, Fresnes, Fleury...

Elle a une belle vue sur la dernière pissotière de Paris

Pardon pour le terme de pissotière : disons plutôt la vespasienne. Alors que Paris en compta jusqu’à 438, remplacées au fil du temps par les plus modernes sanisettes, la ville lumière n’en accueille plus qu’une aujourd’hui, située sur le boulevard Arago, pile en face de la Santé.

Une information essentielle, à ressortir à table pour vos soirées dans le grand monde.

Publié par jcpiot / Catégories : Actu