Cinq plagiats célèbres qui n'ont rien à voir avec Gilles Bernheim

En avouant être coupable de plagiat, au moins par négligence, le grand rabbin Gilles Bernheim s’est mis dans une situation impossible qui a fini par le contraindre à d’autres confessions – et à la démission. Là encore, il n’est pas le premier à se faire prendre la main dans le sac. La tendance à s’attribuer plus ou moins habilement le travail des autres ne date pas d’hier.

1 Galilée n’a pas conçu la lunette de Galilée

S’il a révolutionné beaucoup de choses en physique, en astronomie ou en mathématiques, Galilée n’a en revanche pas inventé l'objet qu’on lui associe pourtant le plus depuis quatre siècles : la lunette astronomique. Et pour cause : Galilée était encore une buse en optique à cette époque, ou peu s’en faut – on ne peut pas être doué dans tous les domaines.

Tout au plus a-t-il (un peu) perfectionné l’instrument conçu en 1608 par un opticien hollandais, Hans Lippershey. Sa lunette parvenait à grossir les objets observés sept fois environ, un tour de force pour l’époque. Galilée reprend l’idée rapidement et présente son propre modèle au Sénat de Venise, en 1609. Depuis le sommet du campanile de la place Saint-Marc, les dirigeants de la ville sont enthousiasmés par la démonstration : l’île de Murano semble huit à neuf fois plus proche qu’en réalité. Galilée vend fort cher "son" invention à la ville des Doges, fascinée par l’intérêt militaire de cette sorte de longue-vue. Désormais à l'abri du besoin, il améliorera cette fois sérieusement son modèle avec les années. Il s’en servira pour réaliser les observations astronomiques qui lui vaudront quelques ennuis restés célèbres.

Quatre des lunes qui entourent Saturne, un nombre invraisemblable d’écoles et d’université et des dizaines de projets scientifiques font aujourd'hui référence à Galilée (sans compter une chanson de Queen). Le pauvre Lippershey, lui, n’a laissé son nom qu’à un malheureux cratère lunaire.

2 Martin Luther King n’a pas écrit sa thèse universitaire tout seul

Le Dr King a tout bonnement changé l’histoire américaine.  Il a donné espoir à des millions de Noirs américains et permis par ses actions des avancées décisives dans l’abolition de la ségrégation raciale aux États-Unis. En gros, il a changé le monde, et en bien. Ce qui ne l’empêche pas d’avoir pris quelques libertés avec les droits d’auteur. En témoigne sa thèse universitaire – la Boston University reconnaîtra après sa mort que les travaux de son étudiant célèbre étaient pompés en grande partie (la moitié) sur des sources passées sous silence. Des chercheurs de Stanford ont analysé depuis la totalité des écrits de Martin Luther King. La conclusion est sans appel : la plupart regorgent d'extrait plus ou moins discrètement repris des œuvres d’autres auteurs.

Pire : les derniers mots d’un des passages de son discours les plus célèbres du monde ressemblent de près, dirons-nous, au texte d’un autre. L’envolée qui conclut le fameux « I have a dream… », particulièrement splendide (« Let freedom ring ! »), est une copie presque conforme d’un discours écrit plusieurs années auparavant par Archibald Carey, autre militant des droits civiques. Les montagnes qu'évoque le texte sont les mêmes. Loin au-delà d'un seuil crédible de coïncidence.

3 Edison n’a jamais inventé l’ampoule électrique

Dans la longue lignée des inventeurs dont la conscience n’est pas nette, Edison tient une place de choix – sincèrement, on se demande ce qui peut justifier la postérité d’un pareil escroc. Edison ne s’est pas contenté de dépouiller littéralement Nikola Tesla de ses recherches, le privant de la postérité qu'il mérite. Il a arnaqué à peu près tous ses concurrents et coulé les autres à coups de procès surréalistes, de fausses rumeurs ou de campagnes de diffamation. Un de ses plus beaux coups ? Avoir profité de la première exécution (ratée) sur une chaise électrique, en courant alternatif, pour promouvoir son courant continu.

Edison est toujours considéré comme l’inventeur de l’ampoule électrique à incandescence. Là encore, elle n’est pas de lui… Un des premiers chercheurs à avoir travaillé sur le sujet et surtout, à l’avoir fait fonctionner concrètement, est un Anglais extrêmement barbu, Sir Joseph Swan.  Le premier homme au monde à être monté sur un escabeau pour brancher une ampoule à incandescence, dont il dépose le brevet en 1878 – un an avant Edison. Quelques procès plus tard, ce dernier finira par racheter la société de Swan – s’appropriant au passage les brevets, la gloire et un gros tas de pognon. Edison n'a pas inventé l'ampoule électrique : il l'a vendue.

4 Un ex-Beatles pris la main dans le sac

Peu de temps après la séparation des Beatles, George Harrison sortit en 1970 un triple album solo,  All Things Must Pass – après des années dans l’ombre de Lennon et McCartney, ça faisait longtemps que ça le travaillait… Non seulement le disque va rétrospectivement mettre en lumière le rôle de Harrison au sein des Beatles, mais l’un de ses titres va devenir un des plus grands tubes de 1970 : My sweet Lord conserve plusieurs semaines la tête des hit-parades, dans 14 pays.  Il n’y a qu’un problème : le titre est très, très clairement inspiré de He’s so fine, une chanson de 1963 due à autre groupe, The Chiffons. Après quelques secondes d’écoute, la « ressemblance » saute à l’oreille. Harrison tentera bien de négocier avec les auteurs, mais sans succès. Pire, il perdra le procès qui s'ensuit, ramassant une amende de 1 599 987 dollars au passage. Il ne réglera pourtant pas cette somme, préférant… racheter la société de production qui le poursuivait – et les droits de la chanson originale au passage.

5 La véritable identité de Batman (non, ce n’est pas Bruce Wayne)

C’est l’histoire d’un justicier masqué vêtu de noir, dont la cave, sous le manoir familial, abrite une base secrète. Il en sort la nuit cape au vent, fonce botter des culs puis rentre à l’aube reprendre son rôle de crétin arrogant plein aux as, accueilli par son fidèle serviteur.

Batman ? Non : Zorro. Le nombre de ressemblances entre les deux héros ne doit pas grand-chose au hasard : si Bob Kane, son créateur, s’est inspiré de plusieurs sources, Zorro fait partie des emprunts les plus évidents, inspiration d'ailleurs assumée : c’est en sortant de la projection du film Le signe de Zorro, avec Douglas Fairbanks, que les parents de Bruce Wayne se font assassiner. Le long métrage est bien réel : il est déjà vieux de 20 ans lorsque DC Comics publie en 1939 la première aventure du vengeur de la ville de Gotham City – elle-même copie conforme de celle de New-York…

Publié par jcpiot / Catégories : Actu