En 2012, l’autisme a été déclaré grande cause nationale. Les associations de parents sont plus que jamais présentes sur la scène politique et le gouvernement annonce la mise en place d’un 3ème « plan autisme » axé sur l’amélioration des diagnostics, l’augmentation des places d’accueil et une meilleure formation des professionnels. L’autisme prend également une place de plus en plus importante dans les médias aux heures de grande écoute (Le cerveau d’Hugo, docu fiction de Sophie Revil) et dans certaines séries américaines (The Big Bang Theory ou Community). Certaines personnes porteuses du syndrome d’Asperger commencent même à devenir populaires, comme Daniel Tammet ou Josef Schovanec dont les esprits brillants, originaux et attachants renvoient au public une image très positive de ce handicap (rappelons que le syndrome d’Asperger appartient à la catégorie des troubles envahissants du développement, dans laquelle figure également l’autisme). Et sans oublier, bien sûr, le tristement célèbre Adam Lanza, jeune auteur de la tuerie de Newtown, décrit par certains comme porteur du syndrome d’Asperger.
L’autisme commençait donc à avoir bonne presse, dommage. Mais la vision du handicap en général et de l’autisme en particulier doit rester positive car la situation en France est aujourd’hui plus qu’alarmante : un enfant sur 150 naît avec un trouble du neurodéveloppement ayant pour conséquence l’apparition de symptômes autistiques. Ce taux a été multiplié par 7 en 20 ans et ne cesse d’augmenter. Pourtant, la prise en charge de l’autisme reste catastrophique dans notre pays, tant au niveau éducatif (très peu de professionnels sont correctement formés) qu’au niveau de la capacité d’accueil (entre 3000 et 5000 enfants et adultes atteints de ce trouble sont pris en charge en Belgique, faute de places). L’âge moyen des diagnostics est de 6 ans, or les études montrent qu’après l’âge de 4 ans, les possibilités d’apprentissage de ces enfants commencent déjà à diminuer. 80% des enfants avec autisme ne sont pas scolarisés et la moitié des enfants ne bénéficient que d’une prise en charge partielle.
Alors tentons d’oublier ce que nous croyons savoir de l’origine des comportements humains. L’autisme n’est pas la cause d’un comportement violent. On ne tue pas 20 personnes parce que l’on est porteur d’un handicap. Les causes de nos actes sont au contraire déterminées par les seuls évènements environnementaux. Cette position déterministe est essentielle pour qu’une volonté de changement culturel concernant le handicap soit possible.