Les plans autisme sont des programmes français contenant un ensemble de mesures gouvernementales dont l'objectif est d’améliorer l’accompagnement des personnes autistes et leurs familles. Depuis 2005, trois plans autisme se sont succédés : le premier de 2005 à 2007, le deuxième de 2008 à 2010 et le troisième de 2013 à 2017. En 2018, l'appellation a changé : il n'est plus question d'un "4ème plan autisme", mais d'une Stratégie nationale pour l'autisme au sein des troubles du neuro-developpement.
Il a été choisi d'intégrer dans cette nouvelle politique publique des actions communes à l'ensemble des troubles du neuro-développement car ils sont souvent concomitants. Sont fréquemment associés à l'autisme : le trouble du déficit de l'attention avec ou sans hyperactivité (l'un des plus fréquents), la déficience intellectuelle (dans 30% des cas), les troubles de la communication, les troubles des apprentissages ou les troubles moteurs.
Cette stratégie est le résultat d'une concertation lancée en juillet 2017 et qui aura duré 9 mois. Son déploiement va s'étendre jusqu'en 2022. En voici un résumé…
Stratégie nationale pour l'autisme au sein des troubles du neuro-developpement
La stratégie se résume en 4 ambitions :
- "Construire une société inclusive pour toutes les personnes autistes à tous les âges de leur vie" (la place des personnes et de leurs familles est dans la société, à l’école, dans des logements correspondant à leurs souhaits, au travail, dans les loisirs comme tout un chacun)
- "Garantir le pouvoir d'agir des personnes autistes et de leurs familles par des interventions adaptées à leurs besoins et respectueuses de leur choix, au sein de parcours fluides" (repérage et interventions précoces)
- "Conforter les équipes de professionnels au service des personnes et de leurs familles dans leur champ de compétence et l’exercice de leurs missions" (donner aux professionnels les moyens d’intervenir, notamment en termes de formation initiale et continue)
- "Inscrire la science au coeur des pratiques en structurant une recherche d'excellence et s'assurer du déploiement de la stratégie pour une gouvernance adaptée"
La stratégie est décomposée en 20 principales mesures réparties sur 5 engagements :
Engagement 1 : "Remettre la science au cour de la politique publique de l'autisme en dotant la France d'une recherche d'excellence"
Engagement 2 : "Intervenir précocement auprès des enfants présentant des différences de développement, afin de limiter le sur-handicap"
Engagement 3 : "Rattraper notre retard en matière de scolarisation"
Engagement 4 : "Soutenir la pleine citoyenneté des adultes"
Engagement 5 : "Soutenir les familles et reconnaître leur expertise"
La liste des mesures concrètes ainsi que le calendrier sont présentés sous forme de tableau, p. 55 du rapport.
Pour conclure
Cette stratégie est donc fortement tournée vers l'inclusion des personnes autistes ("donner aux personnes une place égale dans la société, identique à celle de chaque citoyen"). Cette résolution est louable. Cependant, nous devons veiller à ce que cette thématique de l'inclusion ne devienne pas la nouvelle "tarte à la crème" de l'autisme en France.
Je m'explique : l'inclusion des personnes autistes à tout prix ne devrait pas vouloir dire que les personnes autistes devront faire comme tout le monde. Leur inclusion nécessite des adaptations spécifiques, en termes de logement, d'emploi, de santé, de scolarité, de vie sociale, de loisirs ou de gestion du quotidien (voir par exemple cette enquête de l'association "Asperansa" sur les besoins des adultes autistes, ou bien cette récente étude de Rebecca Wood sur l'adaptation de l'environnement scolaire des enfants autistes).
"L'équité, c'est que chacun dispose de ce qu'il faut pour réussir. Pas que tout le monde ait la même chose au même moment !" (A. Reynaud, dans L'enfant atypique, Eyrolles, 2018).
Même si cette remarque est notoire pour les acteurs, il n'est pas toujours évident pour le grand public de savoir ce qu'implique réellement l'inclusion. Mal comprise, l'inclusion pourrait nous amener à devoir nous confronter à un nouveau sentiment d'échec, les bonnes intentions se retournant contre nous…
Enfin, on peut regretter que cette stratégie ne considère pas assez la situation des adolescents et adultes autistes qui doivent bénéficier des besoins d'accompagnement les plus importants.
Pour en savoir plus :
Cliquez ici pour consulter le discours d'annonce de la stratégie par le Premier ministre le 6 avril 2018
Cliquez ici pour consulter le dossier de presse
Cliquez ici pour consulter le détail de la stratégie
L’ensemble des informations relatives à l'avancement et aux réalisations de cette stratégie sont disponibles sur le site http://www.autisme.gouv.fr.