Je voudrais profiter de ce blog pour signaler l’arrivée probable d’une nouvelle injustice sociale. Des chercheurs en communication viennent en effet de trouver un lien entre l’agressivité verbale des participants à une étude et leur ratio index-annulaire : plus leur annulaire dépasse en taille leur index, plus les participants ont tendance à se montrer agressifs (1). L’agressivité étant une caractéristique individuelle plutôt mal vue, on peut prévoir prochainement des conséquences sociales douloureuses pour les individus dotés d’un appareil digital atypique :
Tout d’abord, bien sûr, des discriminations sociales : le rejet d'autrui, un accès restreint au marché de l’emploi et un manque à gagner évident lors des conquêtes amoureuses. La honte, ensuite, de dévoiler ses attributs digitaux : peur de lever la main en classe, de serrer une pogne, d'applaudir son artiste préféré, de sortir les mains de ses poches ou encore de se gratter la tête. Pour éviter la honte, certains iront même jusqu’à s’isoler chez eux, pour ne plus sortir que l’hiver, au moment où le gant redevient de circonstance. Sans parler bien sûr de toutes ces cérémonies de mariage ou ces fiançailles gâchées. Les plus optimistes diront que la consommation de tabac connaîtra une chute vertigineuse. Mais ce ratio index-annulaire pourrait aussi devenir un critère de diagnostic, jusqu'à faire son apparition dans les classifications internationales des maladies : une simple observation clinique des doigts pourrait suffire à prédire des troubles de la conduite tels que des comportements d’opposition, de provocation ou une hétéro agressivité.
Tout cela vous paraît peu probable ? Pourtant, il existe une idée reçue tout aussi infondée, mais encore bien réelle pour certains et dont les conséquences sont importantes :
Au 19ème siècle, des médecins se sont intéressés à la mesure des os du crâne humain, à la taille du cerveau et leurs liens avec l’intelligence. Ils ont découvert que les femmes avaient en moyenne un cerveau plus petit que celui des hommes. Paul Broca défendait la thèse que la petitesse du cerveau de la femme dépendait non seulement de son infériorité physique, mais également de son infériorité intellectuelle. Une idée reçue était née : les femmes ont un cerveau plus petit que les hommes donc elles sont moins intelligentes. On sait aujourd’hui qu’il n’existe aucun lien entre le poids du cerveau et l’intelligence. Mais on connaît les ravages sociaux d’une telle annonce sur la vie des femmes de l’époque et d’aujourd’hui.
(1) Shaw, A. Z., Kotowski, M. R., Boster, F. J. et Lévine, T. R. (2012). The effect of prenatal sex hormones on the development of verbal aggression. Journal of Communication, 62 (5) : 778-793.
Il s’agit d’une étude corrélationnelle, n’impliquant aucun lien de causalité entre le ratio index-annulaire et l’agression.