Le sexe comme valeur

"…le sexe me va bien. Il a occasionné pas mal de dégâts dans ma vie, m'a fait des frayeurs souvent, rendue moitié folle, mais j'en ai tiré tant de plaisir et de paradoxale sérénité que je ne regrette quasi rien."

Je viens de lire "Il est 14h, j'enlève ma culotte", une série de courts textes érotiques, drôles, crus et intelligents. L'auteure, Zoé Vintimille raconte les expériences sexuelles d'une femme qui assume ses désirs. Alors que l'hypersexualité a souvent une connotation négative, surtout lorsque ce sont les femmes qui sont concernées, dans ce livre on est au contraire à contre-courant des idées reçues. Ici, on découvre en effet que les forts désirs sexuels du personnage sont au service de son bien-être… 

La souffrance psychologique n'est pas une affaire de quantité, mais plutôt de fonction. Ainsi, en matière de sexualité, ce n'est pas l'intensité de vos désirs qui vous font sombrer, mais plutôt la perte de leur contrôle à des moments où il ne faudrait pas flancher. En d'autres termes, baisez autant que vous voulez, tant que vous n'entachez pas les pans de votre vie que vous estimez être importants. Et baisez d'autant plus si vous mettez du sens à votre sexualité. Le personnage du livre réussit peu à peu à gérer ses désirs pour qu'ils n'empiètent pas sur ses autres rôles (notamment son rôle de parent). Mais surtout, chacune de ses expériences sexuelles lui apportent un peu plus de richesse, une satisfaction symbolique qui va au-delà du seul plaisir sensuel.

Zoé Vintimille nous parle de son livre…

L’idée première était, en effet, de parler du désir des femmes, comme sujets (et pas objets) de désir. Comment un regard, la courbe d’un muscle, une descente de reins, l’inflexion d’une voix, le relief d’une entrejambe peut, nous aussi, nous faire décoller en quelques secondes. Et, aussi, comment dans mon cas la rêverie érotique, les divagations sensuelles (et parfois purement mentales) avant un rendez-vous – en gros, le fantasme – m’ont permis de me construire de façon riche, épanouissante, reconnectant la tête et le corps. Ce désir puissant, quand on y accède et qu’on accepte de s’y perdre un moment, c’est évidemment explosif ! On peut y laisser quelques plumes, et le risque, si c’est « mal géré », c’est de se faire déborder, d’avoir la sensation de ne plus rien contrôler… Mais qu’est-ce qu’un désir qui ne prend aucun risque ? 

Rencontrer charnellement quelqu’un, quand ça se passe bien (et même si on ne le revoit plus jamais !), c’est, avant tout, une rencontre. Et les rencontres, c’est la vie… 

Zoé Vintimille (2021). Il est 14h, j’enlève ma culote. Paris : La Musardine.

En cliquant ici, vous pourrez écouter des extraits du livre lus par la comédienne Ophélia Kolb.