Bob, 33 ans, accro au bronzage

christophercuteface

Bien que la « dépendance au bronzage » ne soit pas encore répertoriée dans les classifications internationales des troubles mentaux, on observe néanmoins chez certaines personnes des comportements excessifs d’exposition aux ultraviolets (phénomène parfois appelé tanorexie ou tanoholisme).

C’est le cas de Bob :

« Bonjour, je m’appelle Bob.

J’ai 33 ans et cela fait maintenant 8 ans que je suis addict au bronzage. Je suis très soucieux de mon apparence, depuis l’adolescence. Ma priorité est de plaire. Quelque soient les nouvelles personnes que je suis amené à rencontrer, hommes ou femmes, jeunes ou vieux, je mets un point d’honneur à ce que l’on me trouve beau. C’est obsessionnel chez moi et cela a commencé il y a une dizaine d’années. Après un voyage à Saint-Martin, je ne pouvais plus voir mon hâle fondre sans réagir. Maintenant, il  faut que je sois bronzé toute l’année car sans cela, je me sens moche. Il m’arrive de faire plusieurs séances d’UV par semaines et je m’envole dès que possible là où le soleil tape bien fort (Thaïlande, Caraïbes). En me regardant chaque jour dans la glace, je crois détecter la moindre diminution de bronzage et j’ai rapidement le sentiment ne plus être assez noir. Je perds alors confiance en moi, je me sens déprimé. Le seul moyen de me sentir mieux, c’est de retourner aux cabines.

Je suis dépendant aux UV, mais surtout au regard des autres ».

Aujourd’hui, les phénomènes de dépendance pathologique font principalement référence à des troubles liés à l’utilisation de substances, comme la cocaïne par exemple. Parmi les affections qui ne sont pas liées directement à la consommation d’un toxique, l’APA (American Psychiatric Association) ne reconnaît pour l’instant que le « jeu pathologique » comme diagnostic officiel (pratique inadaptée, persistante et répétée du jeu).

Contrairement à un diagnostic de trouble d’utilisation d’une substance, la « dépendance au teint hâlé » ne semble pas impacter les obligations familiales, scolaires ou professionnelles des personnes. Pourtant, une consommation de soleil inadaptée peut entraîner des souffrances réelles chez la personne. Certains critères sont à prendre en compte :

-       Poursuite des séances d’exposition pendant au moins plusieurs mois malgré un danger potentiel. Les problèmes médicaux liés à l’exposition prolongée au soleil sont mineurs pour la personne (risques accrus de développer un cancer).

-       L’activité de bronzage devient une préoccupation importante.

-       Efforts infructueux pour réduire ou arrêter sa consommation de soleil.

-       L’arrêt de la pratique impacte l’humeur de la personne.

Il semblerait également que les UV ont un effet neurobiologique en évoquant une réponse chimique antalgique (qui calme la douleur). Cette réponse a également une action sur une zone particulière du cerveau, le système de récompense, celui-ci étant impliqué dans les mécanismes de dépendance. En activant ce système neurochimique de récompense, les rayons ultraviolets produiraient donc des effets comparables aux drogues.

Dans le cas de Bob, et pour la plupart des individus qui recherchent un bronzage de façon démesurée, on pense que c’est plus particulièrement la dimension sociale qui pourrait expliquer leur motivation à être hâlé : pour eux, l’apparence physique est devenu un élément essentiel pour interagir et ainsi combler leurs besoins sociaux. L’enjeu thérapeutique est alors de modifier leur perception cognitive quant au rôle réel du bronzage sur leur succès social, tout en développant en parallèle des moyens alternatifs pour se socialiser.