Ce n’est qu’une élection législative partielle, mais elle est vécue à gauche comme un nouveau et très sérieux signal d’alarme. Dans la 2ème circonscription de l’Oise, le député UMP sortant Jean-François Mancel –qui avait devancé en juin sa rivale socialiste Sylvie Houssin de 63 voix seulement, mais avait vu son élection invalidée par le Conseil constitutionnel- - arrive cette fois nettement en tête (40,61% des suffrages exprimés). Et il retrouvera au second tour la candidate du Front national, Florence Italiani (26,58%).
Un taux d’abstention-record
Dimanche, cette élection partielle a été marquée, en effet, par une grosse surprise: n’ayant pas atteint la barre des 12, 5% des inscrits, la candidate PS se retrouve d’emblée éliminée. Ce qui a aussitôt amené Harlem Désir, le Premier secrétaire du PS, à appeler les électeurs de gauche à voter dans une semaine pour… le candidat de droite. But : faire barrage à l’extrême-droite. Le taux d’abstention au premier tour a atteint, en effet, un seuil record et, du coup, alarmiste : 67,21% des électeurs ne se sont pas rendus aux urnes. C’est énorme.
Des clignotants au rouge
Le résultat de la législative partielle de l’Oise ne constitue pas seulement une vraie claque pour le PS. Cette élimination dès le premier tour de la candidate PS surgit alors que, du côté du pouvoir, les clignotants se mettent les uns après les autres au rouge : chômage à la hausse ; croissance à la baisse ; cote de popularité de l’exécutif en chute libre (en mars, 67% de mécontents selon le sondage OpinionWay-LCI , soit + 10 points en un mois) ; les impôts qui s’accumulent ; du diesel aux rythmes scolaires, le retour des couacs au sein du gouvernement (au point que certains « hollandais » pressent le chef de l’Etat de faire un exemple et, à la prochaine incartade, de « virer » le ministre fautif).
Après la Grèce, Chypre. Et demain qui ?
La majorité s’interroge, et se divise : interrogations sur le mode d’exercice du pouvoir d’un François Hollande surexposé, et sur sa communication jugée peu lisible (par exemple quand il se déplace à Dijon) ; interrogations sur le degré d’autorité du Premier ministre (question de tempérament, ou choix politique ?) ; interrogations sur la gestion de la crise par l’Europe (après la Grèce, le Portugal, l’Espagne et la Portugal, c’est Chypre qui a failli verser dans la fossé) ; interrogations sur les « promesses » (sans cesse rectifiées) de la dernière campagne présidentielle (et si la gauche avait sous-estimé une crise, qui ressemble à un vrai tremblement de terre, et qui est loin d’être finie même si l’Elysée veut se persuader du contraire?) ; interrogations aussi sur la guerre du Mali et, surtout, sur le projet public d’armer demain les opposants au tyran syrien.
Hollande ne sera pas Churchill, mais…
Remaniement ? Changement de Premier ministre ? Changement de cap ? Clarification au sein d’une majorité qui doute et, par moments, tangue ? Il n’y a pas, pour François Hollande qui n’a pas encore fêté sa première année au pouvoir, de solution-miracle. Mais il doit prendre garde aux glissades successives. Certes, personne ne l’imagine endossant demain, face aux défis, les habits d’un Churchill. Mais il est clair que sa stratégie de la synthèse systématique –qui faisait sa force naguère au sein du PS- trouve aujourd’hui ses limites. Elles sont même criantes. Comme l’a montré le scrutin de l’Oise, le « peuple de gauche » est en train en effet de passer de la déception à un début de rébellion. Quant aux Français dans leur ensemble, ils cherchent, dans un climat de plus en plus anxiogène, un capitaine. Et une boussole.