Par rapport aux six premiers mois du quinquennat, il est un domaine où François Hollande –dont la cote de popularité vient de fléchir à nouveau dans le baromètre mensuel Ifop-JDD (62% d’opinions défavorables, soit -1%) a marqué des points, c’est la communication. L’ère des couacs et autres zigzags paraît révolue. A l’heure du chômage qui s’aggrave, de la croissance qui plonge, de la dette qui plombe les finances publiques, des tensions sociales ou encore de la guerre au Mali qui se complique, la «com» de l’Elysée est devenue à la fois plus professionnelle, plus huilée et… plus verrouillée.
Un virage en sept étapes
- François Hollande a définitivement abandonné ses habits de « président normal » : selon la formule de Daniel Cohn-Bendit, il est devenu « définitivement président ». Tout (absolument tout) remonte à lui, tout (absolument tout) passe par lui : ce n’est pas la «logique Sarkozy » (même si cela y ressemble), c’est la logique de la Vème République. Parallèlement, Jean-Marc Ayrault s’est glissé, lui, dans le costume de… Fillon.
- Valérie Trierweiler a été ramenée au rôle –important mais essentiellement symbolique- de «Première Dame» : elle a cessé de jouer à la vice-présidente de la République (qu’elle n’est pas). On la voit moins, ça va mieux.
- A l’image d’Arnaud Montebourg –dont le recentrage est spectaculaire- les ministres ont été fermement invités à « tirer dans le même sens » (ainsi les patrons ne sont-ils plus une cible mais, désormais, des hommes et des femmes courtisés, voire révérés) et à n’intervenir que dans leur champ d’action. Seul Valls –le cas particulier d’une star- a droit, de facto, à des escapades hors-champ de la sécurité.
- Face à l’actualité, les ministres ont été invités à réagir au quart de tour, et à ne jamais laisser l’opposition les prendre de vitesse ou, pire, le vide s’installer. Plus un journal télévisé sans un ministre ou un ténor du PS (et si possible jeune et nouveau) devant les caméras ! Un chômeur se suicide-t-il devant les bâtiments de Pole Emploi à Nantes, aussitôt Michel Sapin surgit. Un père divorcé réclame-t-il du haut d’une grue qu’on le laisse voir enfin ses enfants, et le Premier ministre annonce que Christiane Taubira et Dominique Bertinotti vont recevoir sans attendre une délégation de pères en colère. Et qui aurait imaginé naguère Benoit Hamon, le « gauchiste » du PS, arbitrant, au nom des consommateurs, entre la filière agroalimentaire et la firme Spanghero ?
- La garde des Sceaux Christiane Taubira et la ministre de la famille Dominique Bertinottti, donnant l’exemple, ont su jouer habilement les duettistes –la «gentille» et «méchante»- dans le débat sur le mariage pour tous : Bertinotti en militante de base, proche du monde associatif ; Taubira, en femme d’Etat, engagée mais au-dessus de la mêlée. Ainsi le terrain politique et idéologique est-il complètement occupé.
- La meilleure façon de ne pas se laisser déborder, c’est encore, quand l’actu faiblit ou n’est pas au rendez-vous, de la créer de toutes pièces. Ainsi a-t-on vu resurgir soudain le serpent de mer du vote des étrangers aux élections municipales. Une réforme qui paraissait renvoyée aux calendes…
- Et puis il faut savoir verrouiller quand c’est nécessaire, à l’image de ce qui s’est passé avec le triomphe militaire de François Hollande au Mali. On a ainsi appris, mais après coup, qu’il y avait eu «plusieurs centaines d’islamistes» tués (le ministre de la Défense Jean-Yves Le Drian). Les images de combats ont été quasi inexistantes. Et le gros de l’info est venu, à l’américaine, du porte-parole des armées. A l’Elysée, une « com » désormais, à tous points de vue, professionnalisée.